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Retour au travail, quelques conseils

Alors que la Belgique lutte encore pleinement contre l’épidémie de Covid-19, le retour à une vie plus « normale » va doucement s’opérer en ce mois de mai. Mais le confinement, l’absence de liens sociaux, le manque ou le trop-plein de travail nous auront tous affectés et auront laissé quelques traces. Dans ce contexte, cette newsletter propose quelques pistes de solutions et de mécanismes à mettre en place qui valent la peine d’être explorés. Pour un retour gagnant tout en sécurité !

Bonne lecture à tous.

Article thématique

  • Accompagner le retour au travail : les 6 conseils d’une pro

    J+4 depuis le lancement de la phase A1 de déconfinement… Depuis le 4 mai, toutes les activités B2B sont autorisées à reprendre, sous conditions strictes. Certaines entreprises ont donc déjà amorcé un retour au travail, alors que d’autres maintiennent le télétravail pour encore quelques semaines… Le retour au travail s’accompagne d’une série de questions auxquelles il est important d’apporter des réponses. Comment gérer la peur ? Comment retrouver ses marques ? Qu’en est-il de la continuité de certaines « nouvelles » habitudes… ? Cette newsletter amène les premiers éléments de réponse à ces questions.

    Aujourd’hui, sept semaines après l’application des premières mesures de confinement, nous commençons doucement à réfléchir à la suite et à un retour à un travail « plus ou moins normal ». Nous écrivons bien « plus ou moins normal », car il est évidemment impossible de savoir ce qui nous attend réellement et concrètement. Une certitude : nous ne reprendrons pas nos activités là où nous les avons laissées mi-mars. Mais c’est aussi l’occasion de repenser le travail, notre rapport à celui-ci et notre rapport aux autres. 3 pas en avant, 3 pas en arrière, 3 pas sur le côté, 3 pas de l’autre côté !

    Nous avons rencontré virtuellement Muriel Steegen, managing director de Pangloss et spécialiste en accompagnement de transition professionnelle, qui nous donne 6 conseils pratiques pour un retour au travail maîtrisé.

     

    1. Attendez-vous à des disparités au sein même des équipes

    Tout le monde a vécu les choses à travers son prisme personnel. Et il est certain que personne n’a vécu la même chose. Les perceptions ont probablement été très différentes d’un collaborateur à un autre. Certains ont beaucoup travaillé, d’autres moins. Certains ont été personnellement touchés par cette maladie, d’autres pas du tout.

    Il risque d’y avoir de l’incompréhension entre les collaborateurs. Certains reviendront peut-être plus motivés que jamais et avec l’envie de démarrer à 100 %, alors que d’autres, plus affectés, seront dans un autre état d’esprit. D’autres encore seront peut-être un peu paralysés. Il n’y aura pas une manière d’être, mais plusieurs. Les collaborateurs devront s’écouter et se respecter sans jugement. Et les managers devront encourager cela.

    Selon moi, aujourd’hui, il y a trois types d’entreprises : celles qui ont d’ores et déjà intégré que l’organisation du travail allait se faire différemment et qui sont prêtes à repenser leur manière de fonctionner, celles qui ont peur et qui vont se focaliser sur les budgets et les économies à faire, et enfin celles qui n’auront rien appris de cette crise et qui risquent de souffrir à très court terme.

     

    2. Soyez à l’écoute les uns des autres

    Procéder à une écoute collective, c’est tout l’enjeu de cette « reprise ». Généralement, dans un groupe, lorsqu’il y a une crise, seule une partie des gens sont touchés. Nous travaillons alors de manière individuelle avec eux. Ici, l’ampleur de la crise fait que tout le monde a été touché en même temps et partout dans le monde. Il convient donc de laisser à chacun l’espace de s’exprimer et de partager son expérience s’il en ressent le besoin, lors d’une pause-café, de la pause déjeuner voire d’une réunion d’équipe si cela s’y prête. Soyons à l’écoute les uns des autres, que nous soyons collaborateurs ou managers, car partager est le propre de l’humain.

    Ensuite, appliquons cette écoute active dans le cadre des tâches professionnelles : bien écouter le collègue ou l’employé, ses doutes, ses idées… Ecouter quelqu’un, c’est essayer de rentrer dans son mode de réflexion. Cela ne veut pas dire qu’il faut tout accepter, mais il est primordial de ne pas vouloir appliquer notre propre processus de réflexion sur celui des autres. Chacun a le droit d’être qui il est.

     

    3. Rassurez et communiquez clairement

    Nous devons tous accepter une part de risque qui n’existait pas il y a deux mois. J’identifie deux grands risques : le risque physique – ne pas tomber malade, c’est un risque réel – et le risque matériel. Beaucoup de secteurs ont été très durement touchés, il est légitime que les collaborateurs s’interrogent sur la viabilité de l’activité dans laquelle ils évoluent. Il est capital de les rassurer pour éviter qu’ils ne se laissent envahir par la peur. Rassurer sur le fait que les choses seront peut-être différentes, mais qu’elles vont se mettre en place doucement.

    Rationnalisez le plus possible, restez objectif et factuel, en interprétant et projetant le moins possible. Si votre entreprise a été fort touchée par un manque de revenus, il ne faut pas faire comme si rien ne s’était passé ou comme si tout allait redevenir comme avant.

    Face à une telle crise jamais vécue, il est primordial pour les managers d’éviter que les collaborateurs soient dans l’interprétation. Il faut diffuser des informations claires et les contextualiser afin d’enlever toute part de doutes. Expliquer en toute transparence où nous en sommes. Et vers quoi nous voulons aller.

     

    4. Réinstallez des certitudes

    L’un des défis majeurs pour les employeurs est de réinstaller des certitudes. Le cadre qui était le support du travail de beaucoup de travailleurs a été brisé d’un coup. Avant, nous avions le week-end, le lundi, les pauses, les embouteillages, les discussions autour de la machine à café… D’un coup, tout cela a disparu mi-mars. Beaucoup sont restés chez eux à télétravailler ou à attendre que la tempête passe. D’autres habitudes se sont installées. On ne doit plus se raser, se maquiller, se déplacer… Le rôle de l’employeur est donc de réinstaller un cadre, de baliser le retour opérationnel. Il faut recréer au plus vite un environnement de référence, même différent de celui d’avant la crise due au Covid-19, des points d’ancrage.

     

    5. Gardez l’esprit ouvert au changement

    Les travailleurs jettent aujourd’hui un autre regard sur leur travail. Certains ont profité de ce temps pour réfléchir à leur parcours et à leur essentiel, et pour changer de trajectoire professionnelle. D’autres ont ressenti l’envie de travailler autrement ou avec un meilleur équilibre professionnel/personnel. Ils auront pour cela élaboré des mécanismes pour rationnaliser leurs efforts et ne plus courir de réunion en réunion. D’autres encore ne sont pas prêts à abandonner complètement le télétravail. L’occasion est belle pour les employeurs de saisir cette opportunité et d’être à l’écoute des envies ainsi que des suggestions de leur équipe, pour réinventer ensemble sa manière de travailler.

    Enfin, je pense qu’il y aura probablement moins de gens malheureux au travail, car ils auront vécu cette crise comme une piqûre de rappel et l’importance d’avoir un boulot, de côtoyer des collègues, de se changer les idées, d’avoir un sens dans son quotidien. On a besoin de contacts sociaux. Je pense qu’il y aura plus de joie de vivre au travail, car nous aurons tous été confrontés à l’essentiel.

     

    6. Soyez tolérants avec vous-même

    Comment accompagner les collaborateurs dans ce moment particulier ? Je vais être très honnête avec vous : nul n’a de réponse universelle à cette question aujourd’hui. Comme le titrait dernièrement l’hebdomadaire Trends-Tendances, « il y aura autant de sorties de confinement qu'il y a d'entreprises ».

    Dès lors, soyez tolérant avec vous-même : ce que nous vivons est du jamais vu, chacun doit apprendre à voir et à comprendre des choses inhabituelles, et essayer de les gérer au mieux. Les collaborateurs ont été bousculés. Certains ont perdu des proches, d’autres ont dû jongler avec trois niveaux de perfection en même temps : être des parents modèles avec des enfants à la maison, des collaborateurs modèles en télétravail et des compagnons modèles. Tout cela est loin d’être facile, et ça laisse des traces.

    Plus que jamais, les managers devront faire entrer l’aspect humain dans l’équation des objectifs opérationnels. C’est ça, la vraie clé du retour au travail.

     

Inspirations

  • Et les mesures sanitaires ?

    Accepter un retour au travail, c’est, pour l’employeur, accepter que certaines mesures sanitaires soient mises en place.

    Distanciation physique, mesures hygiéniques, mise à disposition de matériel de sécurité, quelles sont les bonnes pratiques ? C’est ce que nous propose de comprendre le guide générique du SPF Emploi, Travail et Concertation sociale.

  • Et les parents dans tout ça ?

    7 semaines à jongler entre son rôle de parent et son travail. 7 semaines de calme plat pour les enfants (école à distance ou pas, crèches fermées, activités suspendues, rencontres annulées…), 7 semaines d’ouragan pour les parents.

    Alors qu’on parle d’un retour au travail, certains parents ne rêvent que d’une chose : avoir la paix pour enfin pouvoir avancer comme ils le voudraient dans leur travail. Plusieurs entreprises l’ont compris et envisagent de proposer aux parents de jeunes enfants de continuer pendant quelque temps le télétravail, après la réouverture des crèches/écoles.

    Pour les parents qui souhaitent se consacrer pleinement à leurs enfants durant un ou plusieurs jour(s) de la semaine, le gouvernement a voté le 2 mai un « congé parental corona », qui prévoit la réduction de son temps de travail d’1/5 temps ou à mi-temps, avec allocations, pour pouvoir s’occuper de ses enfants. Le congé parental Corona devra être pris au cours de la période allant du 1er mai au 30 juin 2020 inclus.

    Découvrez les conditions ainsi que la procédure pour en bénéficier sur le site de la Ligue des Familles. 

Le saviez-vous ?

  • 25,3%

    25,3% des entreprises wallonnes ont besoin d’argent supplémentaire pour reprendre leurs activités après le confinement. Contre 34,7% à Bruxelles et 23,5% en Flandre.

    Cela signifie que ces entreprises devront augmenter leur capital et faire appel à leurs actionnaires ou qu’elles devront demander de nouveaux crédits à leur banque, voire des mesures de soutien supplémentaires aux pouvoirs publics. C’est la conclusion d’une étude approfondie menée par Graydon et publiée par l'Echo/De Tijd, commune par commune.