20 secondes capitales
Est-ce que la première impression n’est que physique ? Non ! C’est aussi une question d’alchimie, de ce que la personne « dégage ». En tant qu’employeur aussi, faire une bonne impression aux candidats et nouvelles recrues est essentiel si on veut attirer des talents. Apprenons à l’utiliser à notre avantage.
« Le tout premier jour d’un nouveau travail, j’ai amené le petit-déjeuner pour l’équipe que j’intégrais pour me montrer sympa. En entrant dans l’open space, j’ai trébuché sur un sac, tout est tombé à terre. Pire, le cacao s’est retrouvé sur la jupe d’une collègue. Cette histoire a fait le tour de la boîte et il a fallu des semaines pour qu’on ne m’en parle plus. Par contre, le surnom cacao est resté. C’était il y a 6 ans… », nous raconte Charlotte, graphiste.
Nous n'avons pas deux fois l'occasion de faire une première bonne impression. Alors autant s’assurer qu’elle soit bonne, car elle conditionnera le regard que portent les autres sur nous, avant même de connaître nos qualités ou défauts.
Les matériaux d’une première impression
La première impression se base sur certains éléments que nous analysons, consciemment et inconsciemment.
Le premier, c’est le non-verbal. On pense parfois, à tort, que ce qu’on va dire fera toute la différence. Mais avant de prendre la parole, nous avons déjà été présents pendant plusieurs secondes ou plusieurs minutes devant notre interlocuteur, nous lui avons communiqué un certain nombre d’informations sur nous qui lui ont permis de se faire une opinion.
Cette première impression naît de l'apparence physique (les vêtements, la coupe de cheveux…), des comportements (s’asseoir avant d’y être invité, mâcher lourdement un chewing-gum, notre gestuelle…), des attitudes (la force mise ou non dans la poignée de main qu’on serre, le regard qui fuit…), des expressions faciales et aussi de l’hygiène globale (un parfum trop imposant ou une odeur forte).
Sans le savoir, nous sommes pareils à une chaîne d’info en continu dont le sujet principal est nous-mêmes.
Le second, c‘est le verbal. C’est ce que nous disons et, plus largement, la manière de le dire. Le ton, l’intonation, les répétitions, les fautes de grammaire…
Ce qui est en jeu…
Savez-vous que Charles Darwin s’est presque vu refuser la chance d’entreprendre le légendaire voyage du Beagle en raison de son nez ? Le capitaine du navire, adepte de la physionomie, ne pouvait croire qu’une personne avec un nez pareil (gros et long) « ait suffisamment d’énergie et de détermination » pour le voyage. Sa première impression, basée sur des critères physiques de l’époque, ne pouvait être plus éloignée de la réalité. Le voyage du Beagle est celui qui a permis au naturaliste anglais de fonder ses théories de l’évolution, véritable fondement de nos sociétés occidentales.
Ce qui est en jeu lors des premières impressions, c’est l’appartenance au groupe. La personne qui est devant moi, pourra-t-elle s’intégrer au groupe social qui est le nôtre ? Notre verbal et notre non-verbal sont des marqueurs qui nous permettent ou non de faire partie de tel clan. C’est le laissez-passer, le sésame sans lequel l’intégration ne pourra pas être possible.
Un code qui change, évidemment, selon les contextes et les lieux puisque les règles ou normes peuvent y être différentes. Quelqu’un qui se présente en cravate pour travailler dans une start-up n’a pas saisi le code. A l’inverse, dans le monde bancaire, un sans-cravate recevra le carton rouge. On notera enfin que les codes changent aussi selon les cultures, les époques et les générations.
Comment réussir sa première impression ?
De nombreux sites et ouvrages s’y sont intéressés et proposent des tas de conseils. Il y a, bien sûr, la base, comme l’hygiène, la ponctualité, dire bonjour, porter des vêtements adaptés…
Il y a aussi les détails qui changent tout. Sauf circonstances particulières, il est essentiel de sourire, car le sourire est signe de bien-être et de bienveillance. Deux mots aujourd’hui au cœur des entreprises.
Écouter est également d’une importance capitale. Nous avons parfois tendance à vouloir dire tout ce que nous sommes venu dire, ou à vouloir démontrer ce que nous savons faire. Et si le vrai succès d’une première impression réussie était de mettre l’autre au centre de l’intérêt ? De s’intéresser à lui et de lui laisser plus de place ?
Quand commence la première impression ?
Elle se fait au premier contact, qu’il soit interpersonnel ou virtuel. Si on se met dans la peau d’un candidat, un e-mail qu’il recevrait contenant des fautes d’orthographe, une absence de réponse à une de ses demandes ou encore un accueil téléphonique glacial lui laisseront une mauvaise première impression.
Mais c’est aussi sur d’autres détails que cela se joue. On dit parfois qu’il faut aller dans les coulisses d’un restaurant (cuisine, toilettes) pour savoir si le repas sera réussi. C’est la même chose pour les sociétés. Un hall d’entrée sale ou mal décoré, un parking lugubre ou avec des peintures abîmées laissera une mauvaise première impression.
Chassez le naturel, il revient au galop !
Le visage est un livre ouvert qui peut être déchiffré. De très nombreuses études sur le sujet démontrent en effet que tous les humains, indépendamment de leur culture ou de leur âge, partagent les mêmes micro-expressions faciales. Des expressions qui durent moins d’1/2 seconde, qu’il est quasi impossible de feindre ou d’imiter et qui peuvent exprimer le dégoût, la peur, la tristesse, la surprise, la joie, la colère ou encore le mépris.
Lors des premières impressions, nous analysons mutuellement ces micro-expressions. Travaillons donc un maximum les éléments que nous pouvons maîtriser pour faire une bonne impression (non-verbaux et verbaux). Mais ne nous éloignons pas trop de ce que nous sommes et ne jouons pas un rôle car, comme on le voit avec les mini-expressions, si nous chassons trop notre naturel, il reviendra au galop.
Changer une première impression
Nul doute que Charlotte a souvent eu envie de revenir à son premier jour pour éviter de trébucher et de mettre du cacao partout. Nous n’avons malheureusement pas ce super pouvoir de voyager dans le temps. Alors, que faire si nous savons que nous avons fait une première mauvaise impression ?
On ne va pas vous mentir, changer la perception n’est pas facile. Mais c’est faisable :
- La toute première chose à faire est de reconnaître ce qui n’a pas été (comme une mauvaise blague, par exemple). Parfois, il est même nécessaire de présenter des excuses.
- Soyez ensuite capable d’autodérision et d’humilité. Quelqu’un qui peut rire de lui ou s’autocritiquer sera finalement vu comme une personne plus humaine et accessible.
- Ne vous attardez pas trop sur ce qu’on a fait de mal. Passons à autre chose et essayons de démontrer que nous sommes capables de bien mieux.
Enfin, et pour conclure cet article, n’oublions pas que nous ne sommes pas médiums. Impossible donc de savoir exactement l’impression qu’on laisse aux autres. C’est ce qu’on appelle la méta-perception : « ce que l’on pense que l’autre pense de nous ».
A trop se focaliser sur ce que pensent les autres, à tirer des conclusions basées sur des ressentis et des croyances, nous risquons de prêter à l’autre des pensées qu’il n’a peut-être pas, et même de modifier nos comportements ou ce que nous souhaitons dire et donc donner une impression de nous qui n’est pas vraiment nous.