News
128

Change management : troupes motivées, réussite assurée

Savez-vous qui a inventé le smartphone ? Apple et Steve Jobs ? Raté. Le premier smartphone a été inventé en Finlande, dans le département R&D de Nokia en 2004. Si aucun d’entre nous n’a jamais eu ce premier téléphone à écran tactile en main, c’est tout simplement parce que Nokia ne l’a jamais industrialisé. La suite est connue. Apple proposera l’iPhone deux ans plus tard et deviendra leader mondial des téléphones mobiles, reléguant en quelques années Nokia à une marque old fashion

La raison de ce crash industriel est simple : la direction de Nokia ne voulait RIEN changer. Ni ses produits, ni sa manière de fonctionner en interne, ni son modèle économique.

Le changement n’a parfois rien d’évident. Encore moins quand tout semble nous réussir. Et pourtant, dans une entreprise, il est le cœur de la pérennité de l’activité. Et c’est encore plus vrai quand il s’agit d’apprendre à changer et à accompagner les acteurs du changement que sont les collaborateurs ou les managers.

C’est tout l’objet de cette newsletter.

 

Claudia

Article thématique

  • Mobiliser pour y arriver

    Une société qui souhaite évoluer doit impérativement le faire avec ses collaborateurs. La réussite ne se fait que si toutes les parties vont dans la même direction. Il existe des modèles pour y arriver. Et des pièges à éviter. Voici quelques pistes de réflexion.

    Une société qui souhaite évoluer doit impérativement le faire avec ses collaborateurs. La réussite ne survient que si toutes les parties (management, salariés, direction) vont dans la même direction. Il existe des modèles pour y arriver. Et des pièges à éviter, car les résistances sont nombreuses. Alors, comment fait-on concrètement pour motiver et embarquer tout le monde ? Voici quelques pistes de réflexion.

     

    Nous l’ignorons souvent, mais Netflix a déjà 25 ans. L’entreprise américaine est née en 1998. C’est alors un service d’envoi de DVD pour particuliers comme DVDPost en Belgique. Une activité qui est mise à mal dès le début des années 2005 avec l’apparition de la VOD et de nouvelles habitudes de consommation. Netflix opère alors un changement radical. Fini les DVD et bonjour le streaming. Aujourd’hui, 230 millions de foyers possèdent un abonnement Netflix dans le monde.

    Un changement global de stratégie rendu possible grâce à la capacité du CEO d’amener ses équipes vers un objectif clair et parfaitement défini.

    On ne réussit pas un change management comme celui de Netflix par hasard. Il existe des méthodes et des passages recommandés. Un changement qui n’est pas préparé sera vécu de manière frontale par ceux qui y sont confrontés. Et c’est le meilleur moyen de ne pas parvenir à le mettre en place.

     

    Les 8 étapes de John Kotter

    Vous avez déjà entendu parler de John Kotter ? Bien que peu connu, ce professeur de la Harvard Business School, est une référence dans son domaine. Et pour cause, il a été un des premiers à théoriser les étapes d’un change management accompli. Pour lui, un change management passe par 8 étapes qui peuvent être définies de la sorte :

    1) Créer l’urgence

    Il s’agit de bousculer les collaborateurs en activant un déclencheur (une étude marketing, un lancement de produit d’un concurrent, des plaintes de clients…).

    2) Former une « coalition » puissante

    Il s’agit de trouver des alliés dans le processus de changement que vous souhaitez mettre en place. Car vous n’y arriverez pas seul. Petit conseil : s’entourer dans cette démarche de personnes influentes dans la société telles experts, collaborateurs expérimentés, personnalités reconnues…

    3) Créer une vision du futur

    Proposer un changement doit s’accompagner d’une réelle vision à moyen terme. L’idée est de dire aux autres : « Voilà où je vous emmène ».

    4) Communiquer la vision

    Cette vision doit être décrite et expliquée en détail et à de nombreuses reprises afin d’affiner le message et de permettre aux autres de se projeter.

    5) Inciter à l'action et abaisser les obstacles

    Il est essentiel (nous y reviendrons) d’impliquer ses collaborateurs dans des actions concrètes et de les responsabiliser.

    6) Générer des victoires à court terme

    Il ne faut pas attendre la fin du changement pour se féliciter. Il faut au contraire, imaginer ce projet comme une échelle où, à chaque échelon, on peut se féliciter d’y être parvenu. C’est ce que Kotter appelle « les objectifs intermédiaires à atteindre pour éviter le découragement et l’essoufflement ».

    7) Consolider les succès pour plus de changement

    Un succès n’est pas synonyme de victoire. La guerre se gagne après de longues et nombreuses batailles. Il faudra donc être patient et prendre le temps de faire les choses.

    8) Ancrer les nouvelles approches dans la culture d’entreprise

    Une fois le changement opéré, il est essentiel que ce qui est un état transitoire devienne l’état final et permanent. Pour cela, il est suggéré de concrètement mettre à jour l'ensemble des documents opérationnels (processus, procédures, communications…).

     

    Comprendre les résistances au changement…

    Vous connaissez probablement tous cette phrase synonyme de tous les immobilismes possibles : « Pourquoi changer puisqu’on a toujours fait comme cela ? ». Cette phrase est assez symbolique, mais surtout, très parlante. Le changement est un état qui n’est pas une évidence. De plus, ça peut parfois être très inconfortable, car cela va demander de l’énergie à tout le monde. Quand une société souhaite évoluer, elle rencontre de nombreuses résistances chez les collaborateurs. Et il peut y avoir de multiples raisons à cela, comme :

    • Le collaborateur ne comprend pas ce qui va changer et pourquoi ça va changer ;
    • Le collaborateur peut avoir peur de l’inconnu ;
    • Il peut aussi se sentir moins compétent dans ce qui va l’attendre ;
    • Il peut manquer de confiance dans le changement ;
    • Il peut avoir peur de perdre du confort ou des avantages ;
    • Il peut être saturé des changements (certaines sociétés proposent des changements de manière beaucoup trop répétée).

    Il ne faut surtout pas sous-estimer ces résistances au changement. Elles peuvent en effet avoir des conséquences importantes et graves pour les projets de société. Cela peut aller de l’inertie (le collaborateur ne participera pas) au sabotage (le collaborateur prendra des décisions pour empêcher le changement) en passant par l’argumentation (le collaborateur remet en cause les décisions) ou la révolte (grèves, actions diverses, démissions…).

     

    … et les combattre !!!

    Comment combattre ces résistances et surtout comment embarquer ses collaborateurs dans un changement ? Il y a évidemment plusieurs manières de le faire. On l’a vu avec Kotter.

    Dans un processus de change management, les deux mots les plus importants sont « communication » et « partage d’informations ».

    A chaque étape du processus de changement, les collaborateurs doivent recevoir les informations nécessaires au bien-fondé du projet. Cette communication doit répondre aux questions suivantes :

    • Pourquoi un changement ? Et pour quelle stratégie à moyen et long terme ?
    • Ce que ça implique concrètement pour les collaborateurs ?
    • Pourquoi ils sont les bonnes personnes pour mener à bien le changement ?
    • Pourquoi ce changement est essentiel pour la société ?
    • Comment il va être mis en place ? Et à quel rythme ?
    • En quoi ce changement est bénéfique pour tout le monde ?
    • Comment les collaborateurs peuvent accompagner la réussite, ce qui est attendu de chacun de manière très concrète ?

     

    Par ailleurs, le manager doit :

    • Être enthousiaste. S’il ne l’est pas, comment exiger des autres de l’être ?
    • Étudier les profils des collaborateurs pour composer les meilleures équipes possibles.
    • Repérer les éléments négatifs dès le début. Les isoler si besoin.
    • En 2023, le rapport ne peut plus être unilatéral et d’autorité.
    • Partager les éventuelles études ou données qui permettent de mieux comprendre le changement.
    • Régulièrement retourner vers les collaborateurs durant tout le processus de change management.
    • Savoir récompenser ceux qui permettent le changement et qui s’implique dedans.

     

    Le modèle ADKAR

    Le changement ne peut s’opérer et réussir que s’il intervient à deux niveaux : individuel et organisationnel. D’un point de vue individuel, on l’a vu, il existe certaines bonnes pratiques. Et d’autres moins bonnes.

    D’un point de vue organisationnel, il est essentiel également d’envisager le changement avec certains outils qui ont fait leurs preuves.

    C’est dans ce cadre qu’un autre modèle connu pour ses performances dans la mise en place d’un change management peut être proposé. C’est le modèle ADKAR, inventé par Jeff Hiatt, spécialiste du change management. Ce modèle, surtout utilisé pour motiver ses troupes, est un acronyme de 5 mots anglais :

    A : Awareness. Sensibiliser les employés à la nécessité de changer. Les éveiller.

    D : Desire. Susciter le désir de changer chez eux. Ils doivent devenir les premiers à avoir envie de ce changement.

    K : Knowledge. Former les employés à la manière d’opérer le changement.

    A : Ability. Concrétiser ces connaissances en capacité à réaliser le changement. Ils doivent devenir les acrobates habiles du changement.

    R : Reinforcement. Rendre le changement permanent en consolidant les nouvelles méthodes.

    Les étapes définies par le modèle ADKAR sont séquentielles et chronologiques. Elles doivent donc être réalisées dans l’ordre

    Ce modèle permet aux managers en charge du changement de se concentrer sur ce qui conduit collectivement au changement individuel et produit des bénéfices à l’organisation.

     

    Qui convaincre ?

    Lorsqu’un changement est annoncé, lorsqu’une décision est partagée, vous avez en face de vous 4 attitudes et positions possibles. Différents modèles psychologiques les définissent de la manière suivante.

    Il y a :

    • Les alliés. Ce sont les collaborateurs qui vont être en accord avec le changement.
    • Les opposants. Ce sont les collaborateurs qui vont être en opposition avec le changement.
    • Les indécis. Ils ne savent pas ce qu’ils veulent.
    • Les déchirés. Ils trouvent qu’il y a des bons et des mauvais côtés au changement annoncé.

    De manière globale, on constate que généralement il y a 15% d’alliés, 15% d’opposants, 30% d’indécis et 30% de déchirés.

    L’erreur que font certains managers est de vouloir convaincre en priorité les opposants et les indécis. C’est un combat qui peut être chronophage et énergivore. La bonne stratégie est de d’abord essayer de ramener à vous les déchirés en insistant sur les bons côtés qu’ils ont eux-mêmes mis en avant. Les déchirés « convaincus » seront aussi un aspirateur pour toute une partie des « indécis » qui naturellement suivront le mouvement.

    La progression se fait par paliers, mais est solide. Et c’est sur cette base solide que le changement peut s’ancrer.

Inspirations

  • Pratiquez des exercices de gestion du changement

    Et si on accompagnait le changement avec des exercices physiques ? C’est ce que relate le site walkme.com en proposant 7 exercices pratiques à réaliser avec ses collaborateurs dans un change management.

    En voici un premier. Les autres peuvent être découverts sur le site Internet.

    « Disposez les chaises en cercle et placez un objet au centre. Demandez aux employés de s'asseoir, puis d’observer l'objet. Après environ une minute, demandez-leur de se lever et de changer de chaise. Demandez-leur de décrire l'objet de leur nouveau point de vue. Ensuite, dites-leur qu'ils sont autorisés à se lever et à changer de siège une fois de plus. »

    Chaque fois que les employés observent l'objet sous un angle différent, ils ont la possibilité de remarquer quelque chose de nouveau. Les exercices de gestion du changement qui illustrent l'importance d'acquérir une nouvelle perspective aident à apaiser la résistance et montrent comment un changement peut être bénéfique.

     

    Source : https://www.walkme.com/blog/7-change-management-exercises/

  • Légo, un CM exemplaire

    En 2000, Jørgen Vig Knudstorp, alors PDG de Lego annonce à ses employés que « la maison brûle ». La société danoise doit alors se séparer de milliers d’employés, fermer des usines, et même des parcs d’attraction. 15 ans plus tard, les ventes de Lego sont au top avec des chiffres qui dépassent les 5 milliards d’euros, 3 de plus en 5 ans. Comment le miracle s’est-il produit ?

    Tout d’abord, Lego a gardé son core-business, la vente de petites briques en plastique. Il a par contre décidé de se plonger dans l’univers du divertissement numérique (plusieurs films et jeux vidéo à succès basés sur Star Wars, Marvel et Batman) ainsi que de développer ses propres marques comme Ninjago. Des décisions qui ont permis à Lego de toucher les nouvelles générations d’enfants et d’ados.

    Un miracle rendu possible également par une gestion interne efficace où Jørgen Vig Knudstorp n’a rien laissé au hasard et où il a embarqué ses employés vers la société Lego 2.0.

Le saviez-vous ?

  • 10%

    Il suffit de 10% des collaborateurs pour changer toute l’entreprise.

    Le principe sociologique des 10%, constaté dans d’autres domaines par Malcolm Gladwell et baptisé « Tipping Point » (Point de bascule) selon lequel « quand, dans une population, des individus qui ont un comportement singulier s’allient et finissent par peser 10% de cette population, alors ce comportement singulier devient la norme »

     

    Source : Harvard Business Review