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Et si on sortait du cadre

Nous portons tous des lunettes qui nous donnent une certaine vision du monde. Des lunettes teintées de notre bagage culturel, territorial, familial, amical, professionnel… Nous voyons tous le même monde, mais nous le voyons tous différemment, en fonction de ce que nous avons appris à être au fil du temps. Il en va de même dans les entreprises.

Nous apprenons à voir la société telle qu’elle a été définie dans ses codes par ceux qui l’ont construite avant nous et par ceux qui la dirigent aujourd’hui. Bien généralement, on essaye très vite d’apprendre les règles de la société, son dress-code, son langage, sa manière de fonctionner, afin d’être intégré.

Et pourtant, il est parfois bon de sortir du cadre et d’essayer de voir le monde … autrement. C’est ce qui a fait le succès de sociétés comme Nintendo, Apple, Uber, Amazon et Google.

Article thématique

  • Voir les choses autrement

    Chaque année, il y a des mots à la mode dans le monde de l’entreprise. Ceux de 2018 sont « bienveillance » (envers ses collaborateurs, ses clients) et « disruption ». La disruption peut être résumée en une phrase : il s’agit d’amener une nouveauté qui casse le code du marché en créant une rupture. Cette manière de faire permet de voir les choses autrement. Elle permet surtout d’être plus productif, créatif et innovant. Explication.

    Quand on parle de voir les choses autrement, on évoque souvent les mêmes histoires. Celles d’Apple, Uber ou Amazon. L’histoire la plus remarquable d’une transformation d’entreprise ces 20 dernières années nous vient pourtant du Japon.

    En 2001, Nintendo est à l’agonie. Le géant des consoles de jeux n’a pas vu venir ses concurrents. La Playstation de Sony et la Xbox de Microsoft inondent les salons des adolescents avec des jeux de plus en plus beaux et performants. Les ingénieurs nippons savent qu’ils ne pourront pas rivaliser avec Sony et Microsoft qui ont pris trop d’avance. Ils décident alors de développer une console familiale qui permettra aux filles et aux parents de jouer également. C’est une totale révolution dans un marché dont la cible est prioritairement un jeune garçon âgé de 12 à 25 ans. La deuxième innovation de Nintendo est tout aussi surprenante : les jeux développés proposent un univers joyeux et coloré où les joueurs peuvent avoir un avatar hyper basique sans aucune recherche d’esthétique. Mais c’est la troisième innovation qui est la plus spectaculaire. Les gens joueront sans manettes, c’est grâce à un détecteur de mouvement que le jeu s’animera. Le lancement de la Wii a lieu en 2006. Nintendo souhaite alors en vendre 6 millions dans les 12 mois. Au total, il s’en écoulera dans le monde près de 100 millions.

     

    A petite échelle

    Toutes les entreprises ne sont pas Nintendo. Elles ne doivent pas nécessairement se réinventer pour survivre. C’est parfois des petites initiatives qui permettent de voir les choses autrement. En France, Bouygues a installé un mini-potager au milieu de son open space. Objectif : amener un nouvel espace de rencontre entre les collaborateurs et même échanger autour de dégustations des produits cultivés. En faisant entrer la nature dans les bureaux, le mini-potager change l'ambiance des pauses, et le jardinage en équipe encourage les échanges et permet de tisser de nouveaux liens entre collègues ou services.

    La Belgique n’est pas en reste. Il y a deux ans, pour attirer les 200 employés qui lui manquaient, Familihulp a lancé un contrat de travail « coparentalité » pour ses salariés divorcés avec enfants. Le concept est tout simple, les parents divorcés peuvent choisir de travailler moins d’heures la semaine où les enfants sont chez eux et plus d’heures la semaine où ils sont chez l’autre parent. En plus de cet arrangement, le contrat prévoit des solutions concernant les vacances des enfants. Familiehulp travaille également à deux autres types de contrats : le contrat « journée d’école », qui cale les heures de travail sur les heures d’école et le contrat « année scolaire », qui précise que l’employé travaillera moins durant les congés scolaires.

     

    A petit budget

    Il n’est pas toujours nécessaire de débourser des millions d’euros pour apprendre à sortir du cadre. Il existe bien sûr des structures professionnelles qui peuvent accompagner une société à se transformer ou à apprendre à voir les choses autrement. Cela dit, pas besoin d’inviter des gourous, de faire des stages à l’étranger ou d’engager des consultants durant des mois pour que les choses avancent. Il est fort probable que les collaborateurs d’une société peuvent apporter eux aussi un autre regard. Comment? Certains sites spécialisés sur le sujet relèvent plusieurs éléments intéressants.
    On en retiendra trois :
    « N’hésitez pas à regarder ce qui fonctionne dans des sociétés qui n’ont rien à voir avec votre business. »
    « Demandez l’avis à des enfants. »
    « Prenez une douche froide. On est toujours plus créatif et plus inspiré après une douche » !

Inspirations

  • Eviter de se reposer sur ses lauriers

    C’est l‘histoire d’un jeune employé de 24 ans, Steve Sasson. En 1975, alors qu’il n’est engagé que depuis quelques mois, il propose à la direction de Kodak, alors leader mondial de la photographie argentique, le premier appareil photo numérique au monde. Une opportunité que Kodak aurait dû saisir…

    Dans un premier temps, les supérieurs de Sasson n'ont pas été enthousiasmés outre mesure par ce qu'ils qualifiaient surtout de bricolage. La qualité était, c’est vrai, assez médiocre. « Ils étaient par ailleurs persuadés que personne ne voudrait un jour regarder ses photos sur un écran de télévision » explique-t-il dans les colonnes du New York Times. Mais il persévère et propose un peu plus tard, le premier appareil photo DSLR, qui ne ressemblait plus du tout à un prototype bricolé à la hâte, mais était semblable aux appareils vendus aujourd'hui à travers le monde. La direction de Kodak mesurant tout le potentiel d'un tel appareil consacre les 20 ans suivantes à… étouffer cette innovation pour ne pas tuer la vache à lait de l’argentique. En janvier 2012, Kodak dépose le bilan.

     

    La même histoire est arrivée à Nokia dont certains salariés avaient conçu un téléphone mobile très proche de l’iPhone avant le lancement de ce dernier. Mais la direction a jugé le coût de production trop important et n’a jamais commercialisé l’appareil. Nokia, alors leader mondial des téléphones mobiles, est devenu aujourd’hui un acteur mineur du secteur.

     

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  • Sortir du cadre, une menace ?

    L’innovation ou la « sortie du cadre » est parfois ressentie comme une menace par certaines sociétés et collaborateurs. L’innovation est en effet simultanément une promesse pour le futur (de revenus, de développements, de nouveaux marchés) mais aussi une agitation d’inquiétudes qui jusqu’alors n’existaient pas. En bousculant certaines certitudes, la peur (ou l’incrédulité) peut se manifester.

    De plus, le management fait face à une question légitime : « Et si nous faisions fausse route ? ». La sortie du cadre introduit de nouvelles manières de faire. Il est donc essentiel de concilier l’organisation et la dynamique d’innovation essentielle à toute entreprise.

     

    Comme le signale avec beaucoup de justesse Cristol Denis, chercheur associé à Paris Ouest Nanterre, « Un cadre trop rigide se nomme la grève du zèle et bloque une organisation en quelques heures ou quelques jours. Le respect strict des règles prononce l’écart entre travail prescrit et travail réel. Dans le même temps trop d’innovation est synonyme de perte de repère, de chaos, de désordre et d’agitation. Tout l’art de la conduite d’une organisation humaine est de composer avec ses deux pieds. L’un qui structure, s’ancre et fiabilise, le second qui sort du cadre et le fait évoluer ».

     

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Le saviez-vous ?

  • disruption

    Le terme disruption  vient du latin disruptus, participe passé du verbe disrumpere: briser en morceaux, éclater, rompre. DISRUPTION est aussi une marque appartenant à l’agence TBWA depuis 1992, enregistrée dans 36 pays.

    36 pays dont l’Union Européenne, les Etats-Unis, la Russie, l’Inde et le Japon. Cette agence propose une méthodologie créative afin d’accompagner ses clients dans tous les nouveaux défis auxquels ils sont confrontés.

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