Génération Z ? Entreprise 3.0 !
Les « Z » ne ressemblent à rien de ce que vous avez déjà connu en entreprise jusqu’ici. Et pour cause, ils appartiennent en effet à une génération qui est née dans l’ère digitale et dans un monde confronté à des changements climatiques radicaux. Son arrivée sur le marché de l’emploi bouleverse beaucoup de choses et les défis qui accompagnent cette arrivée sont nombreux. Petit tour d’horizon.
Le monde du travail vu autrement ?
Ne cherchez pas dans Z un quelconque sens caché. La génération Z s’appelle comme telle parce qu’elle suit la génération X et Y. Certains la comparent cependant à la génération du début du 19e siècle, une génération bousculée par la guerre, fataliste, mais qui reste pleine d’espoir et de projets. « Moi, ce que je cherche avant tout, c’est trouver un boulot qui a du sens et qui corresponde à mes valeurs. Je ne veux pas me lever à 7 h tous les jours pour être enfermé dans un bureau et faire un travail qui n’apporte rien au monde. L’argent n’est pas du tout mon moteur. » explique Thomas, 23 ans, jeune diplômé en sciences économiques.
Ils sont nombreux, comme Thomas, à envisager le monde du travail autrement. C’est d’ailleurs une des grandes caractéristiques de la génération Z. Mais de quoi parle-t-on exactement ?
Une génération très différente des autres
Les sociologues sont unanimes : cette génération ne ressemble en rien à ce qui a déjà été observée. Elle est fracturée, car elle sait que le monde dans lequel elle entre, va connaître des changements majeurs (climatiques, économiques, politiques, sociaux…) et qu’elle ne pourra pas y faire face. C’est la première génération depuis 2 siècles (avec l’apogée de la révolution industrielle, vers 1830) qui doit envisager des lendemains moins bons que les veilles. Alors, elle souhaite être utile, donner du sens à ce qu’elle fait. Que ce soit par des engagements sur des thématiques particulières (environnement, aides aux personnes…) ou par la recherche de lieux où s’épanouir dans le respect de ces engagements.
Elle est loin de la génération X (60-79) baignée dans un esprit de compétition et de réussite professionnelle, synonyme d’argent. Une génération où l’autorité était verticale et la hiérarchie indiscutable. Elle est loin également de la génération Y (80-99) idéaliste et qui refaisait le monde pour le changer. Quand la génération Z repense le monde, c’est par souci de réalité.
Qu’attendent ils de leur entreprise ?
Habitués à passer d’une chose à l’autre rapidement, ils savent qu’ils auront plusieurs expériences dans leur vie professionnelle. Parfois même, en même temps. Alors que les générations précédentes voulaient de la stabilité représentée par un CDI, les Z vont privilégier leur envie de changement.
La génération Z attend plutôt une évolution latérale que verticale. Le Graal n’est pas de devenir manager ou de monter dans la hiérarchie, le Graal est de jouir d’une certaine autonomie et d’évoluer dans un cadre fluctuant où elle peut être qui elle est dans toute sa diversité de genre, de religion et d’engagements.
Il n’y a pas encore de données sur l’engagement de la génération Z face à son employeur. Et pour cause, elle arrive seulement sur le marché de l’emploi. La crainte est, à l’instar de la génération qui la précède, qu'elle soit de moins en moins engagée et loyale envers son entreprise. Le résultat d’une étude de l’assureur AON réalisée dans le monde entier en 2016 démontrait en effet que le degré d’engagement varie très fortement selon les générations. Avec une constatation : au fur et à mesure des arrivées des nouvelles générations, le taux d’engagement diminue. Les baby-boomers atteignaient 70 % d’engagement. Les « millénials », nés avant les années 2000, étaient à 63 %. Le risque pour la génération Z est d’avoir un chiffre plus faible encore.
Une cohabitation à tenir à l’œil
Au travail, penser ses équipes en tribus inter-générationnelles peut avoir du sens. Mélanger volontairement les générations, c’est la meilleure manière d’avoir de la transmission de savoirs d’une génération à l’autre. Une transmission qui s’encadre par la mise en place de programmes de mentoring et reverse mentoring (les jeunes transmettent leurs savoirs aux plus « anciens »). Dans cette mise en place, les feed-backs réguliers sont essentiels pour permettre à chacun de trouver sa place. Une cohabitation n’est, en effet, possible que si chacun est régulièrement invité à expliquer sa manière de voir le monde, ses ressentis, ses craintes.
Pour comprendre la génération Z, on peut lire de la littérature en abondance. Mais on peut aussi aller sur Tik Tok. En une heure ou deux de vidéos, on cerne alors beaucoup mieux les codes qu’elle utilise et son rapport au monde :
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la génération Z aime donner son avis sur tout et en faire des stories ;
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elle recherche sans cesse la nouveauté (les fameuses Trends) qu’elle va s’accaparer et puis très vite délaisser pour passer à une autre Trend ;
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elle se met peu de limites. Sur Tik Tok, vous êtes un jour pranker (vous filmez des caméras cachées), un autre jour acteur (vous rejouez des passages de films célèbres), chanteur et philosophe.
Ces trois caractéristiques permettent d’envisager pour la génération Z un management par le vide. Selon le sociologue Randy Hodson, le “management par le vide”, c’est laisser un cadre de travail très large, imposer peu de contraintes, déléguer un maximum et regarder comment le vide s’organise naturellement. Il est prouvé que le manager qui crée un espace vierge, va susciter une réelle implication de ses collaborateurs et va spontanément voir apparaître des solutions créatives et innovantes. Une posture qui renforce par ailleurs la confiance des collaborateurs.
Toutes les particularités de la génération Z font d’elle une génération à laquelle il faut être très attentif. Son intégration et sa cohabitation avec les autres générations ne vont pas de soi. Mais l’arrivée d’une nouvelle manière de voir et de penser le travail peut aussi être synonyme de leviers de transformations.