Mobilité, les dernières nouvelles du front
À vélo, en transports en commun, avec un ami ou un collègue, à pied ou en voiture. Nos manières d’aller ou de revenir du travail sont différentes en fonction de notre composition familiale, de l’endroit où nous vivons, de l’endroit où nous travaillons et, bien évidemment, de l’entreprise pour laquelle nous travaillons. Quelles sont les dernières nouvelles du front ? Cette newsletter amène quelques éléments de réponse.
Très longtemps, les questions liées à la mobilité étaient vues comme des questions de bobo. Les crises économiques et écologiques des 30 dernières années auxquelles vient de s’ajouter la crise sanitaire, ont radicalement changé la donne et la vision que nous nous faisons de la mobilité. Il y a de moins en moins de gens pour contester que se déplacer doit se combiner, à moyen terme, avec une réelle responsabilité personnelle et collective. Et dans ce cadre-là, les entreprises et les différents employeurs de Belgique peuvent jouer un réel rôle.
Penser la mobilité d’un point de vue RH : pour quoi faire ?
La question peut paraître simpliste. Et pourtant, de nombreuses sociétés et employeurs belges n’ont pas encore réalisé qu’une mobilité adaptée et responsable a de nombreuses implications et bienfaits. Il y a évidemment un enjeu écologique, plus besoin de présenter les chiffres alarmants des émissions de CO2. Economiquement, aux nombreux avantages légaux intéressants pour les travailleurs et la société, une mobilité adaptée permet également de faire de belles économies (flotte plus petite, moins de dépenses carburant…). Autre bienfait, l’image de l’entreprise. En interne, mais aussi à l’extérieur. Enfin, une politique de mobilité qui colle à la réalité de ses collaborateurs leur permet d’arriver moins stressés au travail et améliore leur qualité de vie. Si vous avez déjà emprunté un jour le ring de Bruxelles ou d’Anvers le matin quand il pleut, vous savez de quoi nous parlons.
Quelques idées-actions mobilité
Pour penser la mobilité au sein de son entreprise, il n’est pas nécessaire de réinventer la roue. De nombreuses pistes d’idées ont déjà fait leur preuve. La première, c’est d’encourager les mobilités actives. Pour le vélo, par exemple, cela passe par un leasing vélo (électrique) ou la mise à disposition de vélos de société. Mais aussi dans le cas de vélos personnels, la mise à disposition de matériel de réparation, de pompes, de places de parking spécifiques dans un garage fermé ou dans un box, et pourquoi pas aussi un entretien annuel offert.
La deuxième est de mettre en place un système d’information qui favorise la mise en relation de personnes qui souhaitent covoiturer. La participation aux frais d‘abonnement de transports en commun (en plus d’une voiture de société dans certains cas) est également assez répandue. Encore une autre piste : la mise à disposition de véhicules de société partagés.
Enfin, la crise du coronavirus l’a montré, de nouvelles pratiques permettent également un allègement des mobilités : télétravail, réunion par vidéo-conférences, aménagement des horaires de travail, etc.
Fiscalement, ça se passe comment ?
La Belgique a souvent été très créative en matière de fiscalité. Pour les questions de mobilité, notre pays ne déroge pas à la règle. Essayons d’y mettre un peu d’ordre.
- Pour les travailleurs qui viennent à pied, il existe une indemnité kilométrique non imposable jusqu’à 0,15€/km. Cette prime piétonne est cependant limitée à 380 € par an.
- Pour les collaborateurs qui utilisent un vélo, toute mesure destinée aux cyclistes (achat vélo, vestiaire…) peut bénéficier d’une exonération fiscale à concurrence de 120%. L’employeur peut aussi intervenir jusqu’à 0,23€/km pour les déplacements domicile-travail (aller-retour) de ses collaborateurs.
- Pour le covoiturage, il est possible de recevoir une intervention forfaitaire ou d’opter pour des frais professionnels de 0,15 €/km. Le covoiturage n’empêche pas de bénéficier de manière complémentaire d’autres avantages pour les kilomètres parcourus autrement: vélo, marche…
- Pour encourager l’usage des transports publics à destination du lieu de travail, les entreprises sont tenues d’intervenir à hauteur minimum de 75% des frais d’abonnement de leurs collaborateurs.
- Pour le télétravail, il est possible d’octroyer au travailleur une indemnité non imposable allant jusqu’à 40€ par mois, qui doit couvrir réellement des besoins concrets en matière de télétravail (Internet, chauffage…).
Enfin, depuis le 1er mars 2019, l’entreprise qui le souhaite peut proposer à ses collaborateurs d’échanger leur voiture de société pour un budget mobilité, sous certaines conditions. L’entreprise bénéficie alors d’une exonération totale dans le chef du travailleur et d’une déductibilité intégrale dans le chef de l’employeur (pilier 2). Plus d’infos ici.
Obligation de diagnostic et impact
En Belgique, certaines entreprises sont tenues de faire un bilan de leur politique mobilité tous les trois ans. Cela est prévu par la loi-programme du 8 avril 2003 et qui est effective depuis 2005. Toutes les entreprises privées et publiques de plus de 100 travailleurs sont concernées.
Mais pour les autres, comment faire un bilan ? Il existe bien sur des experts publics et privés qui peuvent vous aider. Il y a aussi les bonnes pratiques des autres. L’université de Napier en Ecosse a réalisé une étude visant à identifier quelles mesures ont un impact réel sur le comportement et la mobilité, et quelles mesures combinées permettent le plus un changement d’attitude. Les conclusions sont très intéressantes.
- Un plan de mobilité uniquement basé sur la promotion (par des moyens marketing) d’alternatives à la voiture de société n’induira aucun changement de comportements.
- Un plan comprenant des mesures encourageant le covoiturage et le vélo permettra d’obtenir une réduction de 3 à̀ 5 % de l’usage de la voiture individuelle pour les déplacements domicile-travail.
- Un plan comprenant des mesures encourageant le covoiturage et le vélo, couplées à une politique de navettes d’entreprise et d’importantes réductions sur les tarifs de transport en commun permettra une baisse d’environ 10 %.
- L’application de l’ensemble des mesures citées ci-dessus, combinées à des politiques dissuadant la conduite peuvent permettre de réduire de 15 à 30 % l’usage du véhicule personnel avec un seul occupant pour les déplacements domicile-travail.
Horizon 2030
En 2015, le bureau fédéral du plan a publié un rapport sur les projections de croissance économique et démographique. Il y anticipait alors une augmentation de 0,5 % par an du nombre de déplacements en Belgique, soit une croissance du volume total des déplacements de 10 % entre 2012 et 2030.
Dans le même temps, les distances parcourues par le Belge augmenteront de 11 %. Il y aura en parallèle à cette augmentation des déplacements, une augmentation de la congestion. Une situation qui compliquera davantage le trafic dans certaines villes belges.
Aujourd’hui, Bruxelles et Anvers font tristement partie du top mondial des villes les plus congestionnées, en termes d’heures perdues dans les embouteillages (données de l’Institut VIAS). Les Anversois perdent en moyenne 34 minutes par jour. C’est 7 % de plus qu’en 2008. A Bruxelles, c’est 44 minutes en moyenne par jour. Namur, Mons Louvain, Charleroi, Gand, Malines sont également régulièrement impactées par les embouteillages. Un plan et des solutions Mobilité sont donc des réalités à prendre en compte très rapidement pour les entreprises qui n’ont pas encore fait le pas.