News
52

Quand la différence devient une force

Si le handicap n’est plus un sujet tabou, il n’en reste pas moins un sujet délicat. La dénomination elle-même est parfois « compliquée ». Toute une série de mots existent en effet pour partager le souci vécu par une personne sans pour autant la catégoriser comme « handicapée ». On parlera de « moins valide », de « malvoyant », de « personne à mobilité réduite », ...

Plus qu’un exercice de langage, l’idée est d’insister sur le fait qu’une diminution de capacité n’affecte pas toute la personne, mais juste une partie de certaines de ses compétences.

C’est d’autant plus important de souligner qu’en 2020, alors que les médias et la télévision multiplient les programmes et émissions évoquant le handicap, les personnes qui en souffrent y restent particulièrement sous-représentées.
Qu’en est-il du monde de l’entreprise ? C’est toute la question de cette newsletter.

Bonne lecture !

Article thématique

  • Vivre ensemble, quelles que soient nos différences

    Associer le « monde du handicap » et le « monde du travail » n’a jamais vraiment coulé de source. Si les mentalités changent peu à peu, le chemin à parcourir reste important. Plusieurs questions délicates persistent. Le handicap, c’est quoi ? Comment est-il vécu dans les entreprises ? Que dit la loi ? Qu’entend-on par « aménagements raisonnables » ? Ou « inclusion » ? Au travers de notre Newsletter, voici quelques pistes pour comprendre le handicap et quelques idées géniales qui ont permis d’améliorer la vie de ceux qui le vivent au quotidien. 

    Un handicap, c’est quoi ?
    A la question de savoir si une personne en chaise roulante est handicapée, nous répondrions tous par un grand « oui ». Et un collègue qui boite ? Plus que probablement ! Et un travailleur qui souffre de trouble bipolaire ? Nous aurions peut-être tendance à dire qu’il a plutôt besoin de repos et d’être suivi par un professionnel. Et quelqu’un de dyslexique ? Nous aurions certainement tendance à dire que « non » ! Et pourtant, l’Organisation Mondiale de la Santé donne une définition très précise du handicap : « est handicapée toute personne dont l’intégrité physique ou mentale est passagèrement ou définitivement diminuée, soit congénitalement, soit sous l’effet de l’âge ou d’un accident, en sorte que son autonomie, son aptitude à fréquenter l’école ou à occuper un emploi s’en trouvent compromises ». Il existe plusieurs formes de handicap. La définition est large. Le nombre de personnes concernées également. 

    Différents types de handicaps
    Le handicap ne se limite pas au traditionnel handicap moteur, à savoir une atteinte partielle ou totale de la motricité, ou mental (insuffisance des facultés et du niveau global d’intelligence). À côté viennent s’ajouter le handicap visuel (aveugles, malvoyants), auditif (sourds, malentendants), psychique (troubles de la personnalité, bipolarité) mais aussi l’autisme qui est dissocié depuis peu du handicap psychique. Et depuis 15 ans maintenant, les maladies chroniques invalidantes qui nécessitent une prise en charge chronique et les maladies respiratoires, digestives, cardiovasculaires et infectieuses et tous les troubles liés à la dyslexie sont venus rejoindre la liste des « handicaps » reconnus.

    La situation en Belgique 
    Depuis les années 60, la volonté de la Belgique est d’augmenter les chances d’intégration des personnes handicapées dans la société, de leur donner des accès et des clefs de réussite. 60 ans plus tard, le mot « intégration » semble maladroit dans son usage et on lui préférera celui « d’émancipation » et de « participation ». De manière générale, l’objectif ne se limite pas à donner accès aux bâtiments, aux transports en commun ou à des toilettes publiques. Non, « l’accès » dont il est question concerne aussi un droit à la culture (pouvoir visiter des musées ou aller au cinéma), à l’enseignement et à l’emploi. En Belgique, d’après Statbel, l’office belge de statistique, près de 10 % de la population âgée de 15 à 64 ans se dit fortement limitée dans ses activités quotidiennes en raison d’un handicap, d’une affection ou d’une maladie de longue durée, et il est démontré que ces personnes en situation de handicap ont moins de chance que les autres d’obtenir ou de conserver un emploi. En effet, seuls 23 % d’entre eux ont un travail et leur taux de chômage est supérieur à la moyenne. Si plus de la moitié de ces travailleurs bénéficient d’une aide ou d’aménagements spécifiques grâce à leur employeur, seul un tiers des tâches demandées seraient adaptées au travailleur en situation de handicap. 

    Des aménagements raisonnables, pour quoi faire ? 
    Il est parfois difficile d’imaginer ce qu’est un handicap quand on n’en souffre pas. Imaginez donc un instant que vous vous cassiez le pied et que vous deviez chaque jour monter 3 étages pour vous rendre à votre bureau. La situation deviendrait bien vite invivable. Imaginez que votre collègue, qui marche avec des béquilles suite à un accident dans sa jeunesse vive la même situation depuis… toujours. Inacceptable. C’est la raison pour laquelle l’Etat, afin de favoriser l’inclusion de tous, et parce que les personnes en situation de handicap ont le droit de participer à tous les aspects de la vie en société, a prévu légalement des aménagements raisonnables. Selon Unia (le Service public de lutte contre la discrimination et de promotion de l'égalité des chances), « les aménagements raisonnables sont des mesures appropriées, prises en fonction des besoins dans une situation concrète, pour permettre à une personne handicapée d’accéder, de participer et de progresser dans la vie professionnelle. » Ceux-ci sont soit matériels (ascenseurs, toilette adaptée, etc.), soit immatériels (coaching, accompagnement), soit encore organisationnels (télétravail, horaire adapté, etc.). Il est évidemment important de définir ce qu’on entend par raisonnable en matière d’aménagement. Pour aider les entreprises, plusieurs critères comme le coût, l’impact sur l’organisation ainsi que la fréquence et la durée de l’aménagement sont pris en compte. Et depuis 15 ans, l’Etat a décidé de donner l’exemple. Un arrêté royal du 5 mars 2007 prévoit en effet que les services publics belges doivent mettre au travail des personnes handicapées à concurrence de 3 % de leur effectif global. Il a également pris des mesures financières. C’est ainsi que la convention collective de travail qui fixe le niveau de rémunération des travailleurs handicapés prévoit une possibilité d’interventions financières dans le salaire et les charges sociales. Il existe par exemple des primes de compensation (pour couvrir des frais d’aménagement), de tutorat (pour qu’un travailleur en place accompagne une personne handicapée), etc.

    Deux expériences hors du commun
    DUOday, né sous le nom de Duodag en Flandre en 2010 et aujourd’hui présent dans plus de 11 pays européens, est une initiative favorisant l’insertion dans le monde professionnel des personnes en situation de handicap. Comment ça fonctionne ? DUOday permet à ces personnes d’effectuer un stage durant entre une journée et 20 jours, dans une entreprise avec un parrain pour les accompagner et les guider. En Belgique, pas moins de 500 entreprises participent à l’initiative et accueillent un ou plusieurs stagiaires. Cette année, le DUOday se déroule le 14 mai. 

    Le 65 Degrés, vous connaissez ? Ayant posé ses quartiers du côté d’Ixelles, il s’agit du tout premier restaurant gastronomique qui emploie des jeunes porteurs d’un handicap mental léger ou moyen (trisomie 21, autisme, retard mental). Fondée par quatre spécialistes de l’intégration du handicap dans le milieu socio-professionnel et professionnels de l’Horeca, le 65 Degrés, avec son menu digne d’une table triplement étoilée, est un exemple inspirant pour ceux qui se demandent encore si l’inclusion des différences dans la société a un sens.

Inspirations

  • Ils ont fait de leur handicap leur force…

    Qu’ont en commun Stephen Hawking, Beethoven et Albert Einstein ? Ils sont brillants, certes. Mais ils ont surtout fait de leur différence une force. Retour sur trois personnalités qui ont changé le monde.

    Stephen Hawking est un physicien théoricien et cosmologiste qui a vulgarisé la science, notamment les théories sur les trous noirs. Reconnu dans le monde entier pour ses travaux, il a dû faire face, très jeune, à la maladie de Charcot, une pathologie neurodégénérative qui affaiblit et paralyse les muscles. Le cas de Hawking, décédé plus de 50 ans après avoir été diagnostiqué alors que son espérance de vie n’était que de quelques années, restera un mystère pour la science.

    Comment l’un des musiciens et compositeurs les plus influents et joués au monde et dont on fêtera les 250 ans de la naissance en cette année 2020 a-t-il pu écrire et interprété autant d’œuvres alors qu’il souffrait de surdité ? En effet, la maladie de Beethoven l’affecta dès ses 18 ans, ce qui n’empêcha jamais son talent de s’exprimer face à l’importance croissante de son handicap. Avec près de 500 œuvres à son actif, il est toujours considéré aujourd’hui comme l’un des trois plus grands compositeurs à côté de Bach et de Mozart.

    Qui, au début du 20e siècle aurait misé le moindre centime sur un petit garçon turbulent, colérique et dont les résultats scolaires étaient une catastrophe ? Probablement personne ! Et pourtant, si vous aviez cru en ce petit élève bègue et dyscalculique, vous auriez tout simplement encouragé celui qui allait devenir le physicien le plus mondialement connu et dont le nom est aujourd’hui synonyme de génie, Albert Einstein. Souffrant d’un grave trouble de la diction et de forte dyslexie, il est le père de la théorie de la relativité et de la formule E=mc2 que l’on connaît tous sans jamais trop savoir à quoi elle se rapporte…

  • Les nouvelles technologies au service du handicap

    L’avènement des nouvelles technologies telles que la domotique, la Réalité virtuelle, l’impression 3D et les milliers d’applications de contrôle, s’il peut paraître effrayant par son omniprésence, peut aussi se révéler un formidable outil d’épanouissement et le gage d’une meilleure qualité de vie pour les milliers de personnes qui souffrent de handicap. Petit tour d’horizon des applis qui peuvent améliorer leur vie. 

    On Wheels est une ASBL flamande qui met à disposition des personnes porteuses de handicap une application qui épingle les lieux accessibles en chaise roulante dans plusieurs villes de Belgique.
    Si la Belgique semble encore un peu en retard en la matière, d’autres pays ont, eux, développé des apps qui facilitent grandement le quotidien des personnes handicapées : c’est le cas par exemple de la France, où il existe une app qui permet de localiser les toilettes publiques accessibles près de sa position. Elle compte plus de 150 000 références au compteur ! 

    Street Co vous permet en temps réel de voir les itinéraires sans obstacles pour fauteuils roulants autour de vous. Vous êtes alertés en approchant d’une zone de travaux ou d’un trottoir impraticable.

    Enfin, le Walkin VR, lui, est un logiciel qui permet aux personnes handicapées physiques ou à mobilité réduite d’utiliser la réalité virtuelle sans que leurs limitations physiques ne soient un obstacle et qui utilise simplement diverses combinaisons de contrôleurs et de capteurs existants pour introduire les mouvements physiques que le lecteur ne peut pas effectuer dans l’environnement virtuel.

    Source

Le saviez-vous ?

  • 3

    Depuis 1992, le 3 décembre est la Journée internationale des personnes handicapées.
    Elle vise à « accroître la sensibilisation à leur situation particulière dans tous les aspects de la vie politique, sociale, économique et culturelle », selon les Nations Unies.

    __