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Tous trop vieux après 45 ans ?

Au cours des siècles passés, l’homme a appris à maîtriser bien des choses. Le feu, la force, l’espace, une partie de la nature, les technologies… Mais le temps qui passe lui échappe encore. Les hommes naissent, vivent et s’en vont. Dans une entreprise, l’équation est la même. Il semblerait que nous ayons tous une date de péremption.

Légalement, c’est l’âge de la retraite qui détermine le départ du travail. Dans les faits, il y a un âge critique (45-50 ans) après lequel le collaborateur est regardé d’une autre manière. Il n’est pas « has been », mais il est considéré comme n’étant plus tout à fait apte non plus.

Et pourtant, la plus-value des travailleurs « seniors » est réelle.

Alors, tous trop vieux après 45 ans ?

Pas du tout et c’est l’objet de notre newsletter.

 

Bonne lecture

Article thématique

  • L’emploi des seniors est en plein bouleversement.

    L’âge est un facteur déterminant en entreprise. Pour une embauche, un départ, une attribution de poste, une promotion… Mais il est aussi un critère de discrimination. Pourtant, paradoxalement, le marché de l’emploi en Belgique est de plus en plus vieux. C’est peut-être une bonne nouvelle, car l’apport des seniors en entreprise est très bénéfique pour une société. Petit tour d’horizon de la question.

    On a souvent l’idée qu’un senior est une personne plus âgée que soi. En réalité, on est senior dans une société à partir de 45-50 ans. Oui, oui, même si ça fait mal 😉

    Elon Musk, le PDG de SpaceX, Tesla et depuis peu de Twitter, nous le promet : « Un jour, l’humain sera immortel. Mais, en attendant, on continue de vieillir. Et dans notre société « moderne », les personnes qui prennent de l’âge ne sont pas toujours bien considérées ».

     

    Trouver du travail après 45 ans, pas évident

    Pas si évident de trouver du travail quand on a plus de 45 ans tant la perception est parfois biaisée et négative.

    Il y a en jeu une triple perception.

    Celle que le senior a de lui-même. Parfois, en recherche d’emploi depuis un certain temps, il n’a plus une image positive de lui-même et a perdu confiance en lui.

    Celle que le marché du travail et les employeurs ont de cette personne « âgée » qui coûte cher, est plus souvent malade, et peut être perçue conservatrice. Sans compter les préjugés concernant leur (in)capacité d’adaptation : après avoir travaillé 20 ans dans telle société, ne risque-t-il pas d’avoir trop d’habitudes dont il ne pourra se détacher ? Et il y a cette idée également selon laquelle « les vieux » sont, au mieux, peu portés sur les nouvelles technologies, au pire, technophobes.

    Enfin, il y a la perception que les autres collègues ont des seniors. Ils seraient moins aptes à comprendre de nouvelles choses, ils travailleraient moins vite, ils seraient dépassés et veulent continuer à vivre dans une société qui n’existe plus.

     

    L’âgisme, c’est quoi ?

    « Un jour, je me suis présentée dans une start-up bruxelloise active dans le secteur du digital pour déposer un CV. Je possédais, en dehors de mes diplômes universitaires, plusieurs formations sur l’utilisation des médias sociaux, le digital… J’avais 52 ans. Quand le responsable est arrivé, il m’a dit qu’ici, personne ne souhaiterait travailler avec sa mère. Quelle claque ! » explique Nathalie aujourd’hui consultante indépendante.

    L’expérience vécue par Nathalie porte un nom : l’âgisme. Que l’on pourrait définir comme l’ensemble des formes de discriminations, de mépris, fondés sur l’âge.

    Il est, au même titre que le racisme, interdit.

    Mais il est, malheureusement, extrêmement présent. En France, il est même le premier critère de discrimination à l’embauche.

    Personne ne peut se voir refuser un emploi à cause de son âge. Sauf dans de très rares exceptions qui doivent être « légitimes, appropriées et raisonnables ». Chercher un mannequin de plus de 45 ans pour vanter les mérites d’une crème anti-âge est accepté. Permettre à des jeunes de moins de 26 ans de profiter d’une « Convention premier emploi », afin de coûter moins cher à leur employeur, c’est justifié. Car les personnes de moins de 26 ans sont surreprésentées parmi les demandeurs d’emploi.

    Personne ne peut non plus se voir refuser un accès à une formation, une augmentation de sa rémunération, une promotion… en fonction de son âge.

    L’âgisme se niche parfois où on ne le soupçonne pas. L’éditorialiste néerlandaise Marianne Zwagerman a créé un vrai débat de société aux Pays-Bas en avril 2020 lorsqu’elle a twitté à propos de la pandémie de Covid-19 et des personnes âgées : “Het dorre hout wordt gekapt » (« Le bois sec est coupé ») comparant les personnes âgées à du bois inutile. 

     

    La réalité du marché 

    « Depuis 2020, pour la première fois dans l’Histoire, il y a plus de personnes de plus de 65 ans que de personnes de moins de 5 ans sur terre. Plus de grands-parents que de petits-enfants » écrit Camilla Cavendish dans Extra Time : Ten Lessons for an Ageing WorldBook.  Une réalité qui aura un impact concret et durable sur le monde du travail dans les pays occidentaux. Les chiffres en Belgique le prouvent d’ailleurs : le marché de l’emploi vieillit. 

    La démographie explique en partie cela. Il y a aussi une volonté du gouvernement de mettre plus d’aînés au travail, puisque dans le cadre de la stratégie Europe 2020, la Belgique s’était engagée à atteindre un taux d’emploi de 50 % chez les 55-64 ans pour 2020.

    En 2021, l’objectif est pleinement réussi puisque 54,5 % des 55-65 ans travaillent dans notre pays. (53,4 % à Bruxelles, 57 % en Flandre et 49.9 % en Wallonie). Les seniors masculins sont un peu plus actifs que les seniors féminins et on constate aussi que ceux qui possèdent un diplôme supérieur sont davantage au travail.

    La réalité, c’est aussi que les seniors ont de plus en plus de chance d’être engagés aujourd’hui qu’hier. C’est ce qu’expliquait Bart Buysse (président de la FEVIA, Fédération industrie alimentaire) au Groupe Roularta, en mettant en avant d’autres chiffres : « En 2015-2016, les + de 50 ans représentaient 10 % de l’ensemble des personnes embauchées, contre 6 à 7 % en 2007-2008. En 2017, on était aux alentours de 11 %. »

     

    Avantages d’avoir des travailleurs plus âgés

    Les avantages de travailler avec des seniors sont nombreux. Et réels.

    Tout d’abord, un travailleur de plus de 45 ans est plus posé, plus calme, plus serein, car il possède de l’expérience et une certaine forme de sagesse. Il peut donc amener de la stabilité dans une équipe. C’est une soft-skill non-négligeable.

    Généralement, il possède aussi une réelle expertise dans son domaine. Quand on a travaillé 20 ans dans un secteur d’activités, on possède des connaissances.

    Ces connaissances sont d’ailleurs un savoir qui peut être transmis à la nouvelle génération. Soit de manière quotidienne dans le travail partagé en groupe, soit de manière organisée via du mentoring.

    Un senior possède également un atout important : un carnet d’adresses et un réseau de contacts qu’il peut amener à son employeur.

    Les seniors représentent également une certaine forme de stabilité. 5 % seulement des travailleurs seniors cherchent en effet activement un autre emploi, soit trois fois moins que les travailleurs de moins de 45 ans (Source : Enquête SDWorx 2021 « A Worker’s Journey »).

    Enfin, embaucher une personne de plus de 55 ans peut aussi amener un avantage financier à l’entreprise. En Belgique, plusieurs pistes existent comme la réduction du coût salarial ou la réduction de cotisations patronales.

     

    On casse les préjugés

    Non, les seniors ne sont pas plus souvent malades. Pour les absences de courte durée (moins d’un mois), en Belgique, les seniors affichent même un meilleur score que les trentenaires. Pour les absences plus longues, les plus âgés sont cependant davantage impactés. En revanche, rappelons qu’après un mois d’absence, c’est la mutualité qui entre en action. Le coût employeur pour les absences des travailleurs est donc réellement plus bas pour les personnes âgées.

    Non, ils ne sont pas moins motivés. On peut même estimer que c’est tout l’inverse. A de rares exceptions près, celui qui retrouve un travail après un moment de « galère », va tout donner, car il mesure la chance qu’il a.

    Non, on n’est pas passif après 50 ans. La preuve, les Américains de 55-65 ans ont 65 % de chances de plus de créer une entreprise que les 20-34 ans !

    Source : welcometothejungle.com

    Non, on n’est pas vieux à 45-50 ans. Comme le disait Coco Chanel assez justement : « Personne n'est jeune après quarante ans, mais on peut être irrésistible à tout âge. »

    C’est valable au travail également 😉

Inspirations

  • Le Japon, champion du monde du travail des personnes âgées.

    Le Japon est vieillissant. 28 % de sa population a 65 ans et plus. Dans ce contexte-là, payer les pensions est de plus en plus complexe. De nombreux Japonais ont donc décidé de continuer à travailler après l’âge légal de leur retraite.

    Le Japon est le pays au monde qui emploie le plus de seniors 65+. En 2017, le taux d'emploi des 65-69 ans atteignait 54,8 % chez les hommes et 35 % chez les femmes.

    Cela répond en partie à la pénurie de main-d’œuvre et à la crise démographique.

    Et devant ces défis, de grandes entreprises reculent, voire suppriment carrément, l’âge de la retraite. C’est le cas de l’enseigne Nojima (enseigne d’électroménager) qui a supprimé l’âge limite d’activité, qui était de… 80 ans.

  • L’âge est un concept malléable

    Bonne nouvelle, il existe plusieurs types d’âges, ce qui en fait un concept malléable.

    Il y a, en effet, tout d’abord, l’âge chronologique, c’est celui de notre carte d’identité défini par le jour de notre naissance.

    Il y a également l’âge biologique, c’est celui qu’on parait ou que donne notre corps.

    Il y a l’âge sociologique, c’est celui qui nous est attribué par la société en nous faisant rentrer dans une case (adolescent, 3ème âge, 4ème âge…).

    Et, enfin, l’âge subjectif. C’est celui qu’on se donne dans notre tête.

    Avec les progrès médicaux, l’âge est aussi en évolution de manière objective. Par exemple, aux États-Unis, une majorité écrasante (75 %) de personnes entre 60 et 75 ans n'ont aucune déficience cognitive ou physique.

Le saviez-vous ?

  • 16 %

    Seuls 16 % des employeurs interrogés par SD Work ne veulent pas engager des +50 ans

    Source : SDWorx auprès de 732 dirigeants de PME