Voir les choses autrement
Chaque année, il y a des mots à la mode dans le monde de l’entreprise. Ceux de 2018 sont « bienveillance » (envers ses collaborateurs, ses clients) et « disruption ». La disruption peut être résumée en une phrase : il s’agit d’amener une nouveauté qui casse le code du marché en créant une rupture. Cette manière de faire permet de voir les choses autrement. Elle permet surtout d’être plus productif, créatif et innovant. Explication.
Quand on parle de voir les choses autrement, on évoque souvent les mêmes histoires. Celles d’Apple, Uber ou Amazon. L’histoire la plus remarquable d’une transformation d’entreprise ces 20 dernières années nous vient pourtant du Japon.
En 2001, Nintendo est à l’agonie. Le géant des consoles de jeux n’a pas vu venir ses concurrents. La Playstation de Sony et la Xbox de Microsoft inondent les salons des adolescents avec des jeux de plus en plus beaux et performants. Les ingénieurs nippons savent qu’ils ne pourront pas rivaliser avec Sony et Microsoft qui ont pris trop d’avance. Ils décident alors de développer une console familiale qui permettra aux filles et aux parents de jouer également. C’est une totale révolution dans un marché dont la cible est prioritairement un jeune garçon âgé de 12 à 25 ans. La deuxième innovation de Nintendo est tout aussi surprenante : les jeux développés proposent un univers joyeux et coloré où les joueurs peuvent avoir un avatar hyper basique sans aucune recherche d’esthétique. Mais c’est la troisième innovation qui est la plus spectaculaire. Les gens joueront sans manettes, c’est grâce à un détecteur de mouvement que le jeu s’animera. Le lancement de la Wii a lieu en 2006. Nintendo souhaite alors en vendre 6 millions dans les 12 mois. Au total, il s’en écoulera dans le monde près de 100 millions.
A petite échelle
Toutes les entreprises ne sont pas Nintendo. Elles ne doivent pas nécessairement se réinventer pour survivre. C’est parfois des petites initiatives qui permettent de voir les choses autrement. En France, Bouygues a installé un mini-potager au milieu de son open space. Objectif : amener un nouvel espace de rencontre entre les collaborateurs et même échanger autour de dégustations des produits cultivés. En faisant entrer la nature dans les bureaux, le mini-potager change l'ambiance des pauses, et le jardinage en équipe encourage les échanges et permet de tisser de nouveaux liens entre collègues ou services.
La Belgique n’est pas en reste. Il y a deux ans, pour attirer les 200 employés qui lui manquaient, Familihulp a lancé un contrat de travail « coparentalité » pour ses salariés divorcés avec enfants. Le concept est tout simple, les parents divorcés peuvent choisir de travailler moins d’heures la semaine où les enfants sont chez eux et plus d’heures la semaine où ils sont chez l’autre parent. En plus de cet arrangement, le contrat prévoit des solutions concernant les vacances des enfants. Familiehulp travaille également à deux autres types de contrats : le contrat « journée d’école », qui cale les heures de travail sur les heures d’école et le contrat « année scolaire », qui précise que l’employé travaillera moins durant les congés scolaires.
A petit budget
Il n’est pas toujours nécessaire de débourser des millions d’euros pour apprendre à sortir du cadre. Il existe bien sûr des structures professionnelles qui peuvent accompagner une société à se transformer ou à apprendre à voir les choses autrement. Cela dit, pas besoin d’inviter des gourous, de faire des stages à l’étranger ou d’engager des consultants durant des mois pour que les choses avancent. Il est fort probable que les collaborateurs d’une société peuvent apporter eux aussi un autre regard. Comment? Certains sites spécialisés sur le sujet relèvent plusieurs éléments intéressants.
On en retiendra trois :
« N’hésitez pas à regarder ce qui fonctionne dans des sociétés qui n’ont rien à voir avec votre business. »
« Demandez l’avis à des enfants. »
« Prenez une douche froide. On est toujours plus créatif et plus inspiré après une douche » !