Existe-t-il vraiment une éthique des affaires? Le cas Lavazza
Si l’intelligence artificielle semble avoir envahi le discours collectif, le nourrissant tour à tour d’angoisse et de rêve, nous savons tous que nous nous préparons à une nouvelle révolution et c’est l’humain qui semble avoir du souci à se faire. Faire appel à la conscience des dirigeants permettrait de limiter certains dégâts. Sagesse et bienveillance deviendraient ainsi les nouveaux leviers de performance.
Rabelais disait, « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Énoncée en des temps que les moins de 600 ans ne peuvent pas connaître, cette phrase est toujours aussi criante d’actualité. Y’a-t-il vraiment une éthique dans affaires ? Oui, il existe même une éthique des affaires ainsi qu’en témoignent les nouvelles formations de management : philosophie et management à la Solvay Brussels School, ou encore la formation Business ethics and compliance management à l’UCL.
Les motivations sont variées :
- prévenir des risques
- éviter les actions nuisibles à l’organisation
- ne pas donner en cas d’accident une mauvaise image ou une réputation douteuse dans l’opinion publique
- …
L’entreprise a un rôle social, des partenaires et a affaire à des hommes (actionnaires, salariés, concurrents, représentants syndicaux). Elle a aussi des responsabilités : l’engagement écologique et environnemental, la qualité de ses produits, la justesse de ses prix…
Comment définir ce nouveau modèle ?
Le cas du fabricant de café Lavazza illustre bien cette nouvelle tendance. Cette succes story italienne du XXe siècle consolide son succès par la voie de la modernité. Son nouveau siège « la nuvola » (le nuage) situé à Turin a reçu la certification nord-américaine Platinum LEED, pendant du concept français de « Haute Qualité Environnementale » (HQE). Celui-ci est connu pour favoriser la qualité de vie au travail, réduire sa consommation en eau et en énergie. En plus de faire du confort des employés une valeur phare, ils sont soucieux de l’impact de leur production sur les territoires développant leurs matières premières. « Nous sommes aux côtés des producteurs locaux pour leur apprendre à mieux gérer la ressource. Nous œuvrons également à la formation de coopératives et favorisons le développement du microcrédit », détaille Giuseppe Lavazza.
Investi dans les projets de développement durable, le dirigeant met en avant les initiatives du groupe, telles que la promotion du covoiturage ou le programme, en Colombie, de reconversion de parcelles jusqu'alors dévolues à la culture de la coca en plantations de cacao ou de café.
Pourtant la RSE est loin d’être une nouvelle vague pour Lavazza. L’ADN de cet acteur important du marché du café repose depuis toujours sur des valeurs familiales.
« En 1938, lors d'un de ses voyages au Brésil, mon arrière-grand-père s'offusquait déjà du gaspillage de la matière première lorsqu'il avait observé que les excédents de café étaient brûlés », raconte Giuseppe Lavazza. Une anecdote anodine ? Pas si sûr ! Les valeurs familiales se bâtissent autour de la prospérité du clan et donc les générations futures. Cette vision à très long terme induit des choix stratégiques durables et responsables.
Dire que le monde change est un doux euphémisme : il voit émerger de nouvelles questions éthiques à chaque mouvement technologique et industriel. Chaque découverte majeure demande aux scientifiques réflexion et prudence, les repères se floutent pour les acteurs sociaux à la recherche de repères pour fonder leur action, sans oublier celles qui nous interpellent dans notre vie privée. S’il semble exister un besoin collectif d’éthique, le sens et la possibilité d’une éthique commune s’obscurcit. Dans ce contexte, à chacun de définir l’éthique en la composant d’éléments individuels et collectifs.