
La gentillesse au travail : un catalyseur de bien-être
« La gentillesse est le langage qu’un sourd peut entendre et qu’un aveugle peut voir ». Cette citation de Mark Twain résume toute la force de la gentillesse. Et le mot « force » est utilisé à dessein. Car cette qualité émotionnelle est, en effet, capable de transcender de nombreuses situations.
Des études interculturelles montrent que la gentillesse est présente dans toutes les sociétés, mais qu'elle se manifeste différemment selon les normes culturelles. Par exemple, dans les cultures individualistes (comme les États-Unis, le Royaume-Uni ou l'Australie), la gentillesse est souvent perçue comme un acte volontaire dirigé vers des proches, avec une attente implicite de reconnaissance ou de gratitude. En revanche, dans les cultures collectivistes (comme le Japon, le Brésil ou l'Inde), la gentillesse est intégrée dans le tissu social et s'étend naturellement aux inconnus, sans nécessairement attendre de retour.
Dans certaines cultures, notamment celles à faible distance hiérarchique comme les Pays-Bas ou la Suède, la gentillesse est perçue comme une manifestation de leadership positif. Les leaders bienveillants y sont valorisés pour leur capacité à favoriser la collaboration et la confiance au sein des équipes. À l'inverse, dans des cultures à forte distance hiérarchique, comme la Chine ou la Russie, une attitude trop conciliante peut être interprétée comme un manque d'autorité ou de fermeté. Dans ces contextes, le leadership est souvent associé à la prise de décisions fermes et à une communication directe.
En Belgique, nous nous situons plutôt dans une culture individualiste avec une plus faible distance hiérarchique.
Voilà pour le cadre. Et maintenant, parlons de la gentillesse.
Les bienfaits de la gentillesse au travail
Être gentil au travail, ou constater que quelqu’un est gentil avec soi, a des bénéfices insoupçonnés. Nous en avons listé quelques-uns :
1/ Amélioration du bien-être mental et émotionnel
La gentillesse au travail agit comme un véritable catalyseur de bien-être.Des études ont démontré que les actes de gentillesse stimulent la production d'endorphines, des hormones associées au plaisir et à la réduction de la douleur.Cette libération hormonale contribue à diminuer le stress et l'anxiété, tout en renforçant le sentiment de satisfaction au travail.De plus, la gentillesse favorise la sécrétion de sérotonine, un neurotransmetteur qui joue un rôle clé dans la régulation de l'humeur et la prévention de la dépression.
2/ Renforcement des relations professionnelles
La gentillesse est un pilier essentiel pour établir des relations professionnelles solides et durables.En favorisant l'écoute active, la reconnaissance et le soutien mutuel, elle crée un climat de confiance propice à la collaboration.Les employés qui évoluent dans un environnement bienveillant sont plus enclins à partager leurs idées, à coopérer efficacement et à résoudre les conflits de manière constructive.
3/ Stimulation de la créativité et de l'innovation
Un environnement de travail empreint de gentillesse encourage la prise de risques et l'expression d'idées novatrices.La sécurité psychologique, c'est-à-dire la perception que l'on peut s'exprimer librement sans crainte de jugement, est renforcée par la bienveillance ambiante.Cette atmosphère permet aux employés de proposer des solutions créatives et de contribuer activement à l'innovation au sein de l'entreprise.
4/ Réduction du turnover
La gentillesse joue un rôle déterminant dans la fidélisation des employés. Les organisations qui valorisent la bienveillance constatent une diminution significative du taux de rotation du personnel. Les collaborateurs se sentent plus attachés à une entreprise qui reconnaît leur valeur et qui cultive un climat de respect et de soutien. Cette fidélité se traduit par une stabilité accrue des équipes et une réduction des coûts liés au recrutement et à la formation de nouveaux employés.
Un moteur de performance et d'engagement
La gentillesse au travail n'est pas seulement bénéfique pour les situations que nous venons de voir. Elle est également excellente pour l’entreprise puisqu’elle a en effet un impact direct sur la performance. Une étude de HALO Branded Solutions, une entreprise spécialisée dans l'engagement des employés et la culture d'entreprise, sur l’effet de la culture de la gentillesse, apporte des chiffres très intéressants :
+26 % d’énergie dans les équipes bienveillantes
→ Les collaborateurs ressentent plus de dynamisme et d’élan au quotidien.
+36 % de satisfaction professionnelle
→ Travailler dans un climat de respect et de reconnaissance améliore nettement le bien-être perçu.
+44 % d’engagement organisationnel
→ Les employés sont plus investis dans leur mission et dans les objectifs de l’entreprise.
Ces chiffres illustrent comment une culture de la gentillesse peut stimuler la productivité et l'efficacité globale. Et, à l’inverse, une culture de l’incivilité a des effets contraires. C’est ce qui ressort de l’étude “The Price of Incivility” de Harvard Business Review auprès de plus de 800 employés dans diverses industries. Ils ont analysé l’effet de l’incivilité au travail (refus d’écoute, remarques désobligeantes, manque de considération) sur le comportement, la motivation et l’engagement des collaborateurs.
Les résultats sont frappants :
- 48 % des salariés disent réduire volontairement leurs efforts après avoir été traités avec incivilité.
- 38 % réduisent délibérément la qualité de leur travail.
- 80 % affirment avoir perdu du temps à s'inquiéter de ces comportements.
- 25 % admettent avoir répercuté leur frustration sur les clients.
Apprendre à cultiver la gentillesse
Tout le monde n’a pas, de manière innée ou acquise, l’idée de la gentillesse en lui. Mais ce n’est pas grave. Être gentil, ça s’apprend. Alors voici quelques idées simples et faciles à mettre en place dès la fin de la lecture de cet article J
1/ Favoriser la collaboration plutôt que la compétition en encourageant le travail en binôme ou en petits groupes pour renforcer les liens humains.
2/ Récompenser les comportements collaboratifs, pas uniquement les résultats individuels.
3/ Offrir des ateliers ou modules sur l’empathie, la communication non-violente, la gestion des conflits. Et intégrer ces compétences dans les entretiens d’évaluation et les plans de développement.
4/ Aménager des espaces calmes pour se détendre, souffler.
5/ Proposer des temps de pause "bienveillance" (méditation, discussions libres sans objectif pro).
6/ Pourquoi ne pas mettre en place dans l’entreprise "minute de reconnaissance" en début de réunion pour souligner les contributions récentes.
7/ Offrir de relire un document urgent, prendre un appel à la place d’un collègue occupé, ou guider un nouveau collaborateur.
Et bien évidemment, pour les managers, il est essentiel de donner l’exemple et d’incarner cette gentillesse dans leur langage comme dans leurs décisions. Une gentillesse managériale qui peut également s’exprimer par de la disponibilité, de la souplesse et une vraie attention portée aux personnes.
Attention à la gentillesse mal interprétée
Bien que la gentillesse soit une qualité précieuse, elle peut parfois être mal perçue dans certains environnements de travail. Dans une culture d'entreprise très compétitive ou hiérarchisée, un comportement bienveillant peut être vu comme un manque d’ambition, de fermeté, voire de faiblesse. Elle peut aussi être perçue comme une stratégie d’opportunisme déguisé. Dans certains endroits, un manager trop conciliant peut être considéré comme inefficace s’il évite les conflits au nom de la gentillesse. Il est donc important de savoir faire preuve de gentillesse, mais aussi de « fermeté bienveillante ».
La gentillesse dans des relations interpersonnelles sur le lieu de travail doit aussi se limiter au cadre professionnel. Attention à ne pas être « trop » gentil, ce qui pourrait être perçu comme une intrusion, ou un désir d’avoir un rapprochement inadéquat.
Autre point d’attention : les personnes qui veulent « faire plaisir à tout le monde » ou qui ont du mal à dire « non » peuvent rapidement se retrouver débordées. La gentillesse, lorsqu’elle devient un réflexe automatique, peut entraîner une surcharge de travail, un déséquilibre entre vie professionnelle et personnelle, et à terme, un risque de burn-out. Il est donc essentiel d’apprendre à poser des limites claires, tout en restant courtois et solidaire. Une gentillesse durable repose sur le respect mutuel, et cela commence aussi par le respect de soi.