News
152

Râlons un peu. Mais pas trop.

Avouons-le, nous avons tous déjà râlé devant la machine à café. A cause des embouteillages, de la météo capricieuse, d’un ordinateur défaillant… Alors certes, se plaindre peut faire du bien, surtout si l’on est entouré d’oreilles compatissantes. Mais à long terme, cela ne risque-t-il pas de nous rendre moroses ?

Si vous avez très envie de ruminer, grogner ou rouspéter ce matin, cette newsletter est pour vous.

Belle lecture,

Laura

Article thématique

  • Jusqu’où râler au boulot ?

    Nous râlons en moyenne entre 15 à 30 fois par jour. Une émotion qui n’est pas sans conséquence sur notre humeur générale. Et sur notre performance. Et même sur notre santé. Si râler à petite dose peut avoir du bon, ça peut très vite devenir handicapant sur notre lieu de travail. Explications.

    On râle tous ? Vraiment ? Pas tout à fait. Le « râlage » n'est pas totalement universel, et il est perçu différemment selon les regards culturels. Par exemple, dans certaines cultures, exprimer son mécontentement de manière directe est mal vu. C’est le cas dans certains pays asiatiques, comme le Japon ou la Corée du Sud. Dans d'autres, comme la France ou l’Italie, c'est plutôt perçu comme une forme de communication qui est acceptée et, parfois même, attendue. Les Belges, même si on leur prête généralement une belle capacité d’autodérision qui les empêche de râler autant que leurs voisins, n’échappent pas à la règle. Et encore moins au travail où les raisons de râler peuvent être nombreuses : le stress des deadlines serrées, la charge de travail excessive, le manque de reconnaissance, les efforts non valorisés, les conflits entre collègues, le favoritisme, les conditions de travail, l’organisation, la gestion… La liste est longue.

     

     

    Râler, c’est bon ou mauvais ?

    Parmi les points positifs, on soulignera le soulagement émotionnel. : Râler permet parfois d'évacuer des frustrations ou des tensions accumulées. Exprimer ce qui ne va pas peut procurer un sentiment de libération. On peut aussi mettre en avant le fait que râler peut signaler aux autres qu'une situation est problématique, ce qui peut encourager des changements ou des solutions. Enfin, râler peut renforcer temporairement la cohésion sociale. Partager une plainte avec d'autres peut renforcer un sentiment d'appartenance ou de solidarité, surtout si les autres ressentent la même frustration.

    Râler permet parfois de clarifier ce que l’on attend de soi-même et des autres. En exprimant ce qui nous dérange, nous pouvons mieux comprendre nos propres limites, attentes et besoins, et les communiquer clairement aux autres. Enfin, exprimer son mécontentement est une forme d’assertivité, en particulier dans les situations où quelqu’un se sent traité injustement ou respecté. Râler peut alors être une façon de défendre ses droits et de s’assurer que ses besoins et ses limites sont respectés.

     

    De trop nombreux aspects négatifs

     

    Les aspects négatifs sont beaucoup plus nombreux. Tout d’abord, on peut prendre en compte l’impact sur l'humeur. Si râler devient une habitude, cela peut renforcer un état d'esprit négatif. La personne peut se focaliser davantage sur ce qui ne va pas, au lieu de voir les aspects positifs de la vie. C’est un cercle vicieux. Ensuite, les relations sociales peuvent être affectées. Un râlage constant peut fatiguer ou éloigner les autres. Les personnes autour peuvent percevoir le râleur comme négatif ou difficile à satisfaire. On peut même aller plus loin en disant que râler est contagieux. Si un collègue s'installe à côté de nous et se plaint, cela peut nuire à notre humeur. Cela risque également de nuire à la productivité et d'entraîner un cercle vicieux où les mêmes frustrations sont répétées sans amélioration. Enfin, râler influence la perception que l'on a de soi-même, en renforçant l'idée d'être une victime des circonstances plutôt qu'un acteur capable de changement.

    Râler, c’est aussi prendre le risque de se doter d’une image et d’une réputation « compliquées ». Les collègues et les supérieurs peuvent commencer à percevoir la personne comme quelqu’un de négatif, avec qui il est difficile de travailler. Pire, le côté professionnel pourrait être durablement affecté, ce qui pourrait empêcher certaines opportunités de carrière.

    Et si on arrêtait de râler ?

    Râler est aussi addictif que fumer ou boire. Nocif pour le cerveau (cfr : Curation 1 => lien). C’est une habitude qui termine par nous définir. Mais cet état d’esprit n’est pas une fatalité. Il est possible de changer rapidement. Nous vous proposons 3 pistes de réflexion.

    1/ Pratiquer la pleine conscience (mindfulness)

    Développer la pleine conscience consiste à être présent et attentif à ses pensées et émotions sans jugement. Lorsque vous sentez l'envie de râler, prenez un moment pour respirer profondément et observez votre réaction émotionnelle sans y céder.

    2/ S'entourer de personnes positives

    C’est probablement le meilleur conseil qu’on peut tous se donner à soi-même : fréquentons des personnes optimistes. L'entourage a une grande influence sur nos comportements et notre état d'esprit. Passer du temps avec des personnes qui ont une attitude positive encourage une approche plus optimiste des situations.

    3/ Choisir ses mots

    Le choix des mots est essentiel. Par exemple, si on arrive en retard à une réunion, il est plus impactant de dire « merci de m’avoir attendu » (positif) plutôt que « désolé d’être en retard » (négatif). Utiliser des affirmations positives peut finir par transformer nos plaintes en déclarations positives ou constructives. Par exemple, au lieu de dire, « Je déteste quand il pleut », essayez « J’apprécie vraiment le temps ensoleillé ». Dans la même veine, si quelque chose vous dérange vraiment, exprimez-le d'une manière constructive et respectueuse en formulant vos préoccupations de manière à encourager une discussion productive plutôt que de simplement se plaindre.

     

    Comment gérer le râlage au travail ?

    Voici quelques pistes et recommandations qu’il pourrait être intéressant de mettre en place en entreprise pour « gérer » les personnes qui râlent :

    1/ Écoute active et compréhension

    Donner la parole : Offrir aux employés un espace où ils peuvent exprimer leurs frustrations sans être jugés peut réduire la nécessité de râler. Cela montre que leurs préoccupations sont prises au sérieux.

    Identifier la cause sous-jacente : Chercher à comprendre les raisons profondes du râlage. Est-ce dû à un manque de ressources, de reconnaissance, ou à des problèmes de communication ? Comprendre la source du problème est crucial pour le résoudre.

    2/ Encourager la communication constructive

    Formation à la communication : Proposer des ateliers sur la communication assertive pour aider les employés à exprimer leurs préoccupations de manière constructive plutôt que de râler.

    Canaux de feed-back : Mettre en place des canaux formels de feed-back (comme des réunions régulières ou des boîtes à idées. Oui oui J) où les employés peuvent soumettre leurs préoccupations ou suggestions de manière constructive.

    3/ Promouvoir une culture positive

    Reconnaissance des efforts : Créer une culture où les contributions des employés sont reconnues et valorisées peut réduire le sentiment de frustration et la nécessité de râler.

    Focus sur le positif : Encourager les managers et les équipes à célébrer les succès, même petits, peut aider à équilibrer les discussions qui se concentrent souvent sur les problèmes. « Et si on prenait un verre ce soir pour l’anniversaire de Koen ? »

    4/ Offrir des solutions et du soutien

    Résolution de problèmes : Lorsque des problèmes sont soulevés, travailler activement à trouver des solutions. Montrer que l'organisation est réceptive aux préoccupations des employés.

    Support en gestion du stress : Proposer des ressources pour la gestion du stress, comme des sessions de relaxation, des cours de gestion du temps, ou un programme de soutien psychologique, peut aider à réduire le stress et le râlage qui en découle.

    5/ Responsabiliser les employés

    Autonomie : Donner plus d'autonomie aux employés dans leur travail peut réduire les frustrations liées à la microgestion ou au manque de contrôle sur leur environnement de travail.

    Participation aux décisions : Impliquer les employés dans les décisions qui les concernent directement peut réduire le sentiment d'impuissance qui mène souvent au râlage.

    6/ Gérer les comportements négatifs

    Interventions directes : Si un employé râle constamment et de manière non-constructive, une discussion individuelle peut être nécessaire. Aborder le comportement en expliquant l'impact négatif sur l'équipe et en cherchant ensemble des solutions.

    Fixer des limites : Dans certains cas, il peut être nécessaire de fixer des limites claires concernant les comportements négatifs. Cela peut inclure des discussions sur les attentes en matière de comportement au travail.

    7/ Montrer l’exemple

    Râler est contagieux. Le meilleur moyen de combattre ce sentiment qui parfois s’impose est d’en être l’antithèse, en étant positif, souriant, optimiste. Et cela est d’autant plus vrai et marquant si cette attitude est portée par le management ou la direction. Un exemple est plus fort qu’une parole. Un acte, plus fort qu’un mot.

    Une citation anonyme en anglais exprime assez justement ce constat : "Complaining is like a rocking chair: it gives you something to do, but it doesn't get you anywhere." (Se plaindre, c'est comme un fauteuil à bascule : ça vous occupe, mais ça ne vous mène nulle part.)

     

     

Inspirations

  • L’avis de l’experte

    « J’ai découvert que râler était un poison. Un poison insidieux, qui s’infiltre dans notre quotidien et qui finit par polluer nos relations, notre bien-être, et même notre santé."

    Cette citation est celle de l’autrice Christine Lewicki, coach, conférencière, et auteure franco-américaine, connue pour son travail en développement personnel.

    Elle est devenue célèbre pour son best-seller "J’arrête de râler", où elle propose un défi de 21 jours sans râler pour aider les gens à transformer leur manière de voir la vie et à adopter une attitude plus positive.

    Dans son ouvrage, elle explore les raisons pour lesquelles les gens râlent, et comment ce comportement peut devenir un obstacle au bonheur et à la réussite. Elle propose des stratégies pour réduire les plaintes et adopter une mentalité plus constructive.

    Envie d’essayer ? Le livre existe en français et en néerlandais (Ik stop met klagen !).

     

     

  • Râler = un danger pour votre cerveau et celui des autres

    Aussi étrange que cela puisse paraître, râler est mauvais pour le cerveau.

    Premièrement, râler est contagieux. En effet, le cerveau humain dispose d’une “mise en miroir neuronale”. En clair : il imite naturellement les humeurs des personnes qui l’entourent.

    Deuxièmement, râler crée une forte dépendance. Lorsque l’on répète un comportement de manière régulière, nos neurones enregistrent ce moment et renforcent leurs connexions pour faciliter ce comportement à l’avenir. Plus nous râlons, plus nous aurons tendance à le faire vite.

    Enfin, râler réduirait la taille de l’hippocampe, une zone cruciale pour la résolution de problèmes et à la pensée intelligente.

Le saviez-vous ?

  • 2018

    C'est en 2018 que le psychanalyste Saverio Tomasella évoque pour la première fois le syndrome de Calimero dans son ouvrage éponyme. Vous souvenez-vous de ce petit poussin noir pour qui la vie semblait toujours terriblement injuste ?