Comment avoir des collaborateurs engagés ?
Pour une société, avoir des travailleurs engagés est essentiel. Cela permet en effet d’être plus performant et de connaître moins de souci en interne. Mais, c’est quoi, être engagé ? Comment booster l’engagement ? Comment maintenir la motivation ? Où en est la Belgique par rapport aux autres pays européens ? Eclairage.
Avant toute chose, il est important de s’entendre sur le terme « engagement ». Qu’entend-on par un « collaborateur engagé » ? Pour la société de gestion d’expérience américaine Qualtrics, l’engagement est, en fait « une mesure de l'attitude d'une personne au travail. À savoir, comment il pense, se sent et agit pour aider son employeur à atteindre ses objectifs ». On résumera en disant qu’un collaborateur engagé est une personne motivée et enthousiaste qui souhaite jouer un rôle actif (ou joue un rôle actif) dans l’avancement des équipes pour que l’entreprise atteigne ses objectifs. A l’inverse, on parlera de collaborateurs « désengagés » quand ils ne sont pas motivés et empêchent l’équipe et l’entreprise d’atteindre ses objectifs. Il existe également les collaborateurs « neutres ». Ils ne jouent aucun rôle actif mais ne constituent pas une entrave à la réalisation des objectifs de l’entreprise. L’engagement est souvent synonyme de curiosité positive quant à l’environnement de travail (métiers, problématiques de chacun) et de générosité vis-à-vis de l’entreprise et des collègues puisqu’un collaborateur engagé n’hésitera pas à aider, changer un horaire ou revoir son agenda pour le bien de la société. Vous l’aurez compris, avoir des collaborateurs engagés est essentiel au bon fonctionnement de l’entreprise.
Mais concrètement, on en est où en Belgique ?
Il y a un peu plus d’un an, l’institut de sondage américain Gallup a publié les résultats d’une enquête sur « l’engagement des collaborateurs en Occident ». Ces derniers sont très différents d’un pays à l’autre. La Belgique a obtenu les résultats suivants : 10 % des collaborateurs se disaient « engagés », 17 % « partiellement engagés » et 73 % « pas engagés ». Ces chiffres ne sont pas bons comparés aux États-Unis, par exemple, où 33 % des collaborateurs se disent engagés. Mais ils restent dans la moyenne puisque 85 % des employés interrogés à travers 155 pays affichent en effet un détachement pour leur travail, voire un désengagement notoire. La France se situe à l'avant-dernier rang du classement des travailleurs européens les plus engagés, au même niveau que l'Espagne, et juste devant l'Italie (5 %) - la moyenne européenne (dont fait partie la Belgique) s’établissant autour de 10 %. Les raisons de ces « mauvais » chiffres s’expliquent d’abord par la culture. C’est en tout cas la raison avancée par Pierre-Yves Senséau, professeur en gestion des ressources humaines à HEC Grenoble : « Les notions d'engagement et de dépassement de soi sont très anglo-saxonnes. Aux États-Unis ou au Canada, les salariés ont moins d'attentes vis-à-vis de leurs employeurs. Le travail est avant tout perçu comme une activité épanouissante, à la différence de pays comme la France où il est encore associé à une source de coercition, de contrainte ». Culturel ou pas, l’engagement est essentiel pour de nombreuses raisons.
Trois atouts indiscutables
Préférer des collaborateurs engagés n’est pas qu’une question de confort. Il est évidemment plus agréable et simple de travailler avec des collaborateurs qui vont tout faire pour atteindre les objectifs. Il y a moins de discussions, moins de besoins de résistance, plus de fluidité dans les rapports humains, … Préférer des collaborateurs engagés, c’est aussi une question de rentabilité. De nombreuses recherches montrent que lorsque les collaborateurs sont engagés, il y a un réel impact sur l’ensemble de l’entreprise. Tout d’abord, la performance est accrue. Selon le cabinet de conseil en stratégie mondial Bain & Company, les entreprises ayant des collaborateurs fortement engagés augmentent 2,5 fois plus leur chiffre d’affaires que celles ayant un faible niveau d’engagement. L’étude Gallup (cfr : plus haut) dit la même chose mais autrement. Rien que pour la France, le coût du désengagement au travail est estimé à 97 milliards d'euros par an. Deuxième atout : la fidélité. Des collaborateurs engagés restent plus longtemps dans une entreprise, ce qui signifie une réduction des coûts liés au recrutement, à la formation ou au délai nécessaire pour qu’ils atteignent une pleine productivité. Enfin, troisième atout, les collaborateurs engagés comprennent mieux les besoins des clients, ce qui a un impact direct sur les relations avec ces derniers.
Concrètement, on fait quoi ?
L’engagement, on l’a vu, est essentiel. Mais la volonté de bien faire pour la direction ou le département RH ne suffit pas. Il faut en effet mettre en place des actions concrètes à plusieurs niveaux afin de favoriser l’engagement mental (comment une personne pense), émotionnel (comment une personne se sent) et de terrain (comment le collaborateur agit pour que son employeur atteigne ses objectifs).
Les différentes études sur le sujet démontrent que certains facteurs sont directement responsables de l’engagement des collaborateurs et ce, quel que soit le secteur d’activité et le nombre de collaborateurs. Premier facteur à prendre en compte, la responsabilisation. Il faut également proposer des évolutions professionnelles. La mise en place de canaux de communication adéquats est tout aussi essentielle. Tout comme la mise en place de structures qui permettent aux différentes personnes de collaborer. L’engagement se fera aussi si les collaborateurs sont reconnus dans leur travail, s’ils reconnaissent le leadership et lui font confiance et s’ils ont les ressources (équipement, moyens, …) nécessaires à la bonne réalisation de leur travail. Les possibilités de formations et de développements sont aussi un prérequis à l’engagement. De manière générale, il est important de booster la motivation sur du moyen ou du long terme plutôt que sur des « à coups ». On remarque notamment qu’une entreprise qui porte des projets sociaux, qui développent un positionnement à 4-5 ans ou qui permet un vrai équilibre travail/vie personnelle, a plus de chances de voir ses employés « être engagés ». En dehors des traditionnels packages salariaux et autres promotions, les collaborateurs, surtout de la nouvelle génération, attendent aujourd’hui la capacité d’un management à proposer un projet réaliste et enthousiasmant qui repose sur des valeurs et un partage d’information. Le mot d’ordre de cette deuxième partie de 2019 est donc « soyons inspirants ».