The sky is not the limit. You are.
Apprendre à poser des limites dans nos relations aux autres ne veut pas dire que nous sommes égoïstes. C’est plutôt apprendre à être à l’écoute de soi et à se respecter. C’est loin d’être facile à faire mais c’est possible ! Comment ? En commençant par lire ce qui suit.
Les limites, la base d’une relation saine
Nous avons peut-être déjà déposé un sandwich le matin dans le frigo de la cafétéria et nous ne l’avons pas retrouvé le midi. Quelqu’un est passé par là et s’est servi. Et nous n’avons rien dit. Nous avons peut-être déjà constaté qu’un collègue s’était garé sur notre place de parking, et nous n’avons rien dit non plus. Ou cette blague un peu limite à laquelle on a souri en trouvant que ça n’allait pas.
Voilà autant de moments au travail où, comme à la maison, nous devons poser nos limites. Il ne s’agit pas de jeu de pouvoir, mais de respect de soi. Et c’est important de le faire.
C’est ce qu’expliquait début mai dans une interview la coach de carrière Annelies Quaegebeur. « Des limites saines garantissent de pouvoir à la fois être isolé et connecté : vous vous protégez tout en vous gardant la porte ouverte à ce qui se passe autour de vous. Cela fait la différence dans toute relation, qu’elle soit privée ou professionnelle. »
Pourquoi est-ce si difficile pour certaines personnes ?
Dire non, que c’est parfois difficile ! Lorsque nous sommes sollicités, nous choisissons en effet souvent la réponse la plus socialement acceptable aux yeux des autres, à savoir : « Oui ». Il existe deux termes en anglais pour définir cette posture.
Le premier est « people pleasing », qu’on peut résumer à « faire plaisir aux autres ». L’autre est « the disease to please » ou la maladie de plaire. Il s’agit d’un people pleasing poussé à son paroxysme au point d’en devenir une maladie.
Une maladie ? Oui, car l’incapacité à exprimer ses limites au travail, quelle qu’en soit la raison (peur de ne pas être considéré, peur du rejet, besoin de reconnaissance…) et le besoin de plaire, peuvent avoir de vraies conséquences au quotidien. Cela va de simple mise en difficulté à l’abandon de soi et, dans les cas extrêmes, jusqu’à être dépendant du regard de l’autre et de son approbation. Cela peut être source de stress, et même de dépression ou de colère profonde.
Quelques conseils pratiques
L’auteure américaine Brené Brown expliquait dans une conférence TEDx qui a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux « qu’oser poser des limites signifie avoir le courage de s’aimer soi-même, même lorsque nous courons le risque de décevoir les autres. » Et le vrai challenge n’est pas, en fait, de poser des limites, ce n’est qu’une étape. Mais bien de les faire respecter. Alors, comment fait-on ? Comment agir si la limite n’est pas respectée ?
- Premier conseil : osez dire ce que vous ressentez. Partagez vos émotions et votre « malaise » ou agacement.
- Deuxième conseil, faites-le de manière constructive et non-violente. Expliquez bien que ce qui est en jeu ce n’est pas l’autre, mais vous. Qu’il n’y a pas de jugement sur l’autre.
- Enfin, le plus précieux des conseils est de mettre ses limites à la première fragilité ressentie. Pourquoi ? Pour deux raisons assez simples. La première est que faire marche arrière est très difficile quand les habitudes sont déjà prises. Si nous acceptons pendant des mois de faire une tâche ou d’être envahi dans notre espace privé par des remarques qui ne nous plaisent pas, comment faire ensuite respecter cette limite ? La personne qui l’a dépassée ne comprendra pas et se dira « mais c’était ok avant, pourquoi as-tu changé d’avis ? ». Nous n’avons pas changé d’avis, nous n’avions juste pas su l’exprimer au bon moment. La seconde est qu’une limite dépassée, mais pas exprimée, pourrait pourrir la relation et surtout s’accumuler comme une lasagne faite de rancœur et de frustrations, bien difficile à avaler par la suite.
Les 4 manières d’appréhender les limites
Nous n’avons pas tous le même rapport aux limites que l’on se pose. Certains vont pouvoir être très larges avec leurs frontières sans que cela ne pose problème. D’autres sortiront un panneau « sens interdit » dès qu’ils se sentiront envahis dans leur parcelle personnelle.
En psychologie du travail, on distingue quatre profils différents dans la gestion des limites.
- Tout d’abord, les personnes qui se fixent des limites précises et qui les communiquent clairement.
- Puis ceux dont les limites sont « défensives » et qui vont imposer des limites plus strictes aux autres qu’à eux-mêmes.
- Certains ont plutôt des limites dites « fluctuantes ». En fonction des personnes qu’elles côtoient et des endroits où elles se trouvent, elles vont faire bouger la frontière de leurs limites.
- Enfin, les personnes qui ne communiquent jamais sur leurs limites et qui sont donc « illisibles ».
Dans toute relation interpersonnelle, il est important de savoir qui est en face de nous pour éviter des surprises désagréables. Et aussi de savoir où nous, nous en sommes. Si nous sommes manager ou RH, cette capacité d’analyse est d’autant plus importante.
Que faire si la limite n’est pas respectée ?
Tout d’abord, pas de stress. Nous ne devons pas considérer les violations de nos limites comme des échecs. Elles sont plutôt à considérer comme des opportunités pour nous de communiquer plus clairement ce que nous attendons et donc d'améliorer nos compétences en matière de définition des limites.
Autre point important : tout le monde ne comprend pas totalement nos limites (ou n’est pas nécessairement d'accord avec elles), et ce n'est pas grave en fait. Nous, nous savons qu’elles existent pour notre bien et nous devons insister sur le respect de celles-ci, car il s’agit aussi de nous respecter nous-mêmes.
Enfin, il arrive que, malgré les rappels, certaines personnes insistent et continuent à ne pas tenir compte de nos limites. Face à ceux qui ne veulent pas comprendre, que faire ?
A ce stade, ce n’est plus à nous d’intervenir, mais bien à un autre collègue, à un supérieur ou aux RH.
Selon les cas et la « gravité » des interactions personnelles, certaines décisions disciplinaires pourraient même être entamées. Mais il s’agit de cas extrêmes. Dans la plupart des situations, un sourire, une explication et un « mode d’emploi personnel » partagé suffisent largement.