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Les jobistes sont de retour !

Le retour de l’été est synonyme de vacances, de soleil, de terrasses et de barbecues entre amis. Au travail, c’est parfois l’occasion de lever doucement le pied (mais pas trop) ou de faire des afterworks qui commencent un peu plus tôt que d’habitude. Mais, c’est aussi l’arrivée des jobistes, ces étudiants-travailleurs.

Certaines entreprises en emploient toute l’année. D’autres uniquement en été. Dans les deux cas, il n’est pas toujours facile de concilier les points de vue et les objectifs professionnels avec des plus jeunes qui découvrent peut-être le monde du travail pour la toute première fois. 

Et pourtant, la rencontre de ces deux univers constitue une chance pour tout le monde. Et les avantages sont nombreux, pas que financièrement.

On fait le tour de la question avec cette nouvelle newsletter.

Bonne lecture  !

Article thématique

  • Avant toute chose : communiquons !

    Chaque année, un peu moins de 700.000 étudiants concilient études et travail dans notre pays. 300.000 passent par des agences d’intérim. Les autres sont directement engagés par les sociétés. Les secteurs les plus demandeurs sont l’Horeca, d’une part et les commerces, d’autre part. L’accueil d’étudiants ne se fait pas n’importe comment. Il existe des lois et des bonnes pratiques. Petit tour d’horizon.

    Partons d’un principe de base : un jobiste inexpérimenté ou mal encadré sera aussi efficace dans son travail qu’un ado de 15-16 ans à qui on demande de faire une lessive alors qu’il n’en a jamais fait. Pour qu’il y arrive, nous devrons lui répéter deux ou trois fois ce qu’il faut faire et surtout lui montrer. Notre tout premier job est en effet de les encadrer et de communiquer clairement avec eux.

    Avant même le début de leur travail, il est donc conseillé de leur fournir l’information nécessaire concernant la société et ce qui est attendu d’eux. Une bonne pratique consiste, par exemple, à désigner un parrain ou une marraine qui peut servir de référent pour toute question pratique ou tout souci rencontré pendant le travail.

    « Lors de chaque début de travail pour un étudiant, nous avons un process précis. Je le reçois personnellement une heure et lui explique que cette société est la mienne, que j’ai travaillé dur pour avoir ce business et que je lui fais confiance pour que tout se passe bien. C’est l’occasion aussi pour l’étudiant de me poser toutes les questions qu’il veut. Elles portent très souvent sur le salaire et les horaires. Alors, j’insiste aussi sur l’ambiance, la politesse, la tenue et l’écoute. Je désigne systématiquement un membre du personnel qui va être comme un guide pour les premiers jours et chez qui l’étudiant peut aller en toute confiance » explique Sonia, responsable d’un restaurant réputé de Bruxelles.

     

    Quels avantages ?

    Outre l’aspect purement financier, il y a d’autres avantages à engager des jobistes dans sa société.

    • Le tout premier avantage est la motivation. Un jobiste veut travailler. Il ne faudra pas le motiver.
    • Deuxième avantage, un jobiste est flexible. Il n’a généralement pas d’autres obligations (enfants, famille…) et il pourra probablement plus qu’un autre, changer ses horaires en fonction des besoins.
    • Troisième avantage, le jobiste de cet été est peut-être un collaborateur de demain. Il arrive parfois en effet que des anciens étudiants soient ensuite engagés après leurs études. Et ils seront les meilleurs ambassadeurs de l’entreprise, car ils la connaissent par cœur et, surtout, il l’aime.
    • Quatrième avantage, les jobistes portent parfois un regard neuf sur ce qui nous semble évident. Dans certaines entreprises, ils participent également aux réunions de brainstorming. À raison, ils peuvent proposer des idées avec un esprit jeune et libéré des codes.

     

    « Bureau » versus « terrain »

    Même si la grande majorité des jobs sont proposés dans le monde de l’horeca et dans les commerces, il y a aussi des milliers d’étudiants qui font des travaux de bureau ou de type administratif. Dans ce cas-là, ils seront moins vite opérationnels, mais n’en seront pas moins importants. Tout est question d’onboarding.

    La première journée est essentielle. Tout comme s’il s’agissait d’un nouveau collaborateur, il est important d’intégrer l’étudiant dans l’environnement global de l’entreprise. Cela passe par une remise de badge, un accès à un PC avec identifiant et mot de passe. La première journée peut être l’occasion aussi d’une petite visite guidée avec les présentations des autres collaborateurs et de la fonction.

    Tout au long de la durée du job, donner du feed-back est essentiel. Un travailleur temporaire doit être considéré comme un élément charnière qui peut s’améliorer.

    Enfin, la meilleure manière d’accueillir un étudiant est de le considérer dès le début comme une personne faisant intégralement partie de la société. On l’invitera donc aux pauses-déjeuner, et même aux pots de départ ou du vendredi fin de journée.

     

    Jobiste, un vrai métier

    Dans certaines entreprises ou administrations, l’étudiant n’est pas attendu et pris en compte. Pire, il est parfois le réceptacle de tout ce que les autres ne veulent pas faire. « Nous avions une liste dans la société de média où je travaillais qu’on avait appelée « Student » et qui reprenait tout ce que notre directeur disait que les étudiants feraient en été lors de leurs venues. Chaque fois que quelqu’un ne voulait pas faire une tâche, par exemple, ranger les caves où il y avait des cadeaux, faire des listes d’auditeurs, trier les armoires, répondre à certains mails… il rajoutait cela à la liste. Il n’y avait aucune cohérence et c’était carrément dégradant pour l’étudiant qui pensait qu’il allait faire un stage-média» explique Arnaud, ancien directeur dans un média francophone. 

    S’il est légitime de se dire que l’étudiant fera des tâches moins enthousiasmantes, il ne faut pas pour autant le démotiver ou lui donner du travail dans lequel il ne se retrouvera pas du tout. D’autant que les étudiants d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes qu’il y a 20 ans. Ils savent souvent ce qu’ils veulent. Et n’hésitent pas à signaler quand ça ne leur convient pas. Y compris de manière publique sur les réseaux sociaux. C’est aussi une réalité en 2022.

    On notera, par ailleurs, que la loi qui encadre le travail estudiantin est extrêmement précise. Les étudiants ne peuvent pas tout faire et l’employeur est tenu à des analyses de risques.

    Généralement, 4 catégories de travaux sont interdites :

    • Lorsque les jeunes ne peuvent le faire physiquement ou psychiquement.
    • Lorsqu’ils sont exposés à des agents cancérigènes ou toxiques ou à des rayonnements ionisants.
    • Lorsque les risques d’accident sont réels et d’autant plus vu leur manque d’expérience ou du sens de la sécurité.
    • Lorsqu’ils sont exposés au froid, à la chaleur, aux bruits ou aux vibrations de manière disproportionnée.

     

    ADN des étudiants 3.0

    Vous avez commencé à vous familiariser avec les Millenials dont vous faites peut-être partie d’ailleurs ? Bonne nouvelle, les étudiants sont de la génération d’après, la génération Z. Cela a des conséquences dans la manière dont ils appréhendent le monde et dont ils voient les choses. Ils ont toujours connu un monde informatisé et digitalisé. Ils vivent dans un monde de notifications push incessantes (Facebook, Snapchat, Whatsapp, Tiktok …). Cela leur permet de traiter les informations plus rapidement, mais avec moins d’attention. On estime en effet que d’une génération à l’autre, le temps de concentration est passé de 12 secondes à 8. Bémol, ils sont moins attentifs. Avantage, ils sont multitâches et peuvent passer d’une chose à l’autre facilement.

    La génération Z est également une génération qui aime se lancer des défis et qui est de plus en plus indépendante. La dernière grande enquête sur les jeunes et le travail en Europe a été réalisée en France début 2022. Les résultats sont intéressants. Malgré le côté anxiogène de la pandémie, aujourd’hui, 47 % des 18-30 ans en France déclarent avoir envie de créer leur propre entreprisesoit 5 points de plus qu’en 2019. Les 18-24 ans sont même 53 % à le souhaiter, soit un bond de 14 points. Le rapport au travail est également différent.

    Les jeunes sont de moins en moins attachés au statut de salarié, avec 36 % des jeunes de 18-24 ans qui préfèrent désormais le statut d’indépendant.

    Cette génération est plus individualiste que la précédente. Alors que la génération Y adore travailler en groupe pour finaliser un projet, la génération Z estimera globalement pouvoir s’en sortir seul. Et elle donnera aussi son avis même quand on ne lui demande pas. Comment pourrait-elle faire autrement, alors que ça fait 15 ans qu’elle peut le faire sans filtre sur tous ses médias sociaux personnels ?  

Inspirations

  • Des spécificités régionales

    Les étudiants belges ne sont pas égaux devant le travail. Les statistiques officielles de l’ONSS pour l’année 2021 sont riches de nombreux enseignements.

    Le premier est que c’est au nord du pays qu’on engage le plus d’étudiants. On y trouve en effet la grande majorité des jobs (secteur de l’intérim compris). 550.000 contre 200.000 en Wallonie et un peu moins de 100.000 à Bruxelles.

    Le deuxième est que, secteur intérim non compris, les étudiantes (304 552) sont plus nombreuses que les étudiants (260 696).

    Toutes les statistiques et les enseignements sur www.onss.be 

     

  • Être jobiste améliore les chances de trouver un travail

    Brecht Neyt de l'UGent a publié en septembre 2021 une étude sur le travail des étudiants. Ses conclusions sont très intéressantes.

    La première est qu’un jobiste aura plus de chances de trouver du travail par la suite. L’expérience acquise est, en effet, valorisée par les employeurs. La recherche confirme d’ailleurs que « les jeunes qui ont été jobistes ont jusqu'à 24 % de chances supplémentaires de trouver un emploi trois mois après avoir quitté l'école que leurs camarades qui n'ont jamais travaillé ». La seconde est que les jobistes disposent aussi d’un réseau acquis grâce à leurs différentes expériences. Enfin, « les jeunes sont immédiatement productifs et créent ainsi directement de la valeur ajoutée pour leur employeur ».

    Source FR 

Le saviez-vous ?

  • 58%

    58 % des étudiants ont un job selon le dernier grand baromètre Randstad de 2018 sur le travail estudiantin. 

    Lors du premier sondage en 2004, ils n’étaient que 30 %. La famille (30 %) est le canal le plus efficace pour décrocher un job d'étudiant, suivi par les agences d'intérim (17 %) et les amis et connaissances (16 %).

    Source