IA, la révolution a déjà commencé
Il y a quelques mois, le groupe de musique britannique Breezer a publié sur Youtube ce qu’il a présenté comme le dernier album d’Oasis. Un événement attendu depuis 2009 et la séparation du groupe sous l’impulsion des frères Gallagher.
Tout de suite, la toile s’est enflammée pour ce que beaucoup ont qualifié de « retour réussi ». Et c’est vrai que cet album intitulé « AIsis, The lost tapes » (AIsis = contraction de AI et Oasis) sonne comme Oasis. Oui, mais… Si l’enthousiasme est réel, l’album, lui, est entièrement faux. Il a été composé par une IA qui a utilisé la voix du leader Liam Gallagher en y associant des sons « inspirés d’Oasis ». Et le résultat est bluffant.
L’IA est capable de « ça ». Mais aussi de dessiner, de peindre, d’écrire des livres et des discours, de calculer en nanosecondes, de produire des algorithmes ultra perfectionnés, de détecter des fraudes, de protéger les attaques sur les banques, de réaliser des paiements (et des rappels de paiements), de gérer les stocks, de livrer des commandes…
2023-2030 : la révolution en cours
« En fait, l’IA est déjà partout dans notre quotidien et en entreprise » précise Baptiste Fosséprez, le CEO de PEPIte, société belge spécialisée en IA. « Nous n’en avons pas conscience parce que nous imaginons l’intelligence artificielle comme dans les films, avec les robots qui prennent le pouvoir, mais nous sommes déjà confrontés en permanence à l’Intelligence artificielle. Qu’il s’agisse des recherches sur Google, des suggestions Netflix, de notre fil d’actualité Facebook ou de l’enchaînement des vidéos sur TikTok en fonction de nos préférences, l’IA est déjà présente dans notre vie de tous les jours. De nombreuses sociétés belges utilisent et développent de l’IA pour améliorer leur rentabilité ou leur efficacité. C’est là tout l’intérêt de cette révolution en cours. »
Et dans les prochaines années, à quoi pourrions-nous nous attendre ? Il est important de distinguer la réalité des fantasmes. Les experts sont unanimes, les 10 prochaines années seront réellement bouleversantes. Mais tout se fera par étape. « En 2030, nous n’aurons pas des robots humanoïdes multitâches qui vont remplacer les êtres humains. Il faut imaginer notre rapport à l’IA comme une vague et non un tsunami. L’imaginaire collectif pense que le monde va changer du jour au lendemain. Ce n’est évidemment pas comme cela que ça se passe. Les choses se font progressivement et notre monde intègre ces nouveautés avec le temps » conclut Baptiste Fosséprez.
L’IA, pour quoi faire ?
L’IA en entreprise, ce sont des dizaines de possibilités. Il y a bien sûr les logiciels et les utilisations déjà énoncées, mais il y a aussi des aspects très concrets. Voici 5 champs d’application parmi les plus courants aujourd’hui :
- Automatisation accrue : l'IA permet aux entreprises d'automatiser de plus en plus de tâches répétitives et de processus, ce qui réduit les coûts opérationnels et améliore l'efficacité.
- Amélioration de l'expérience client : les chatbots, les systèmes de recommandation et l'analyse des données client permettent aux entreprises de personnaliser davantage leurs interactions avec les clients, améliorant ainsi leur satisfaction et leur fidélité.
- Prise de décision assistée par l'IA : les outils d'IA fournissent des analyses en temps réel et des informations pertinentes pour aider les dirigeants à prendre des décisions plus éclairées et à anticiper les tendances du marché.
- Optimisation de la chaîne d'approvisionnement : l'IA est utilisée pour prévoir la demande, gérer les stocks et améliorer la logistique, ce qui permet aux entreprises de réduire les coûts et d'optimiser leurs opérations.
- Personnalisation des produits et services : les entreprises pourront utiliser l'IA pour développer des produits et des services plus personnalisés en fonction des préférences individuelles des clients.
Attention aux dangers de l’IA
Qui dit évolution, dit aussi risque de rupture ou de bouleversement. Pour tout changement en entreprise, il y a plusieurs attentions à avoir. On ne fait pas évoluer un modèle sans être préparé. Ni sans savoir ce qu’on va gagner et perdre.
Voici 6 risques réels liés à la présence de l’IA en entreprise :
- L'utilisation de l'IA implique la collecte et l'analyse de grandes quantités de données. La sécurité et la confidentialité de ces données sont essentielles, car les entreprises sont vulnérables aux violations de données et aux cyberattaques. On connaît tous le RGPD 🙂
- Dépendance technologique : les entreprises qui s'appuient trop sur l'IA peuvent devenir dépendantes de cette technologie, ce qui les rend vulnérables en cas de défaillance du système.
- Éthique et responsabilité : les entreprises doivent faire face à des questions éthiques complexes liées à l'utilisation de l'IA, notamment la responsabilité en cas de décisions prises par des systèmes autonomes. En clair : qui est responsable de quoi ?
- Coût et complexité : la mise en place de systèmes d'IA peut être coûteuse et complexe. Les entreprises doivent en effet investir dans la formation de leur personnel et dans l'infrastructure nécessaire pour tirer pleinement parti de l'IA.
Il est également essentiel de penser au double impact que l’IA peut avoir sur les collaborateurs :
D’une part l’impact sur la créativité et l'intuition : l'IA peut être très efficace pour les tâches répétitives et analytiques, mais elle peut également réduire la place de la créativité et de l'intuition humaine dans la prise de décision. C’est un vrai point d’attention.
D’autre part l’impact psychologique et la résistance au changement : les employés peuvent résister à l'intégration de l'IA en entreprise en raison de craintes liées aux pertes d'emplois, à la surveillance accrue ou à d'autres préoccupations.
Un outil RH pour le recrutement
En juillet dernier, une étude de ManpowerGroup expliquait comment l’adoption des nouvelles technologies transforme les pratiques de recrutement et la gestion des ressources humaines en général dans notre pays.
10% des 510 employeurs sondés en Belgique déclarent utiliser l’IA depuis longtemps dans leurs processus de recrutement, 21% l’ont implémenté récemment et 32% adopteront cette technologie dans 3 prochaines années. Chiffre remarquable : seulement 7% rejettent l’IA et déclarent ne pas vouloir l’intégrer.
L’apport de l’IA dans un processus de recrutement peut se faire à plusieurs niveaux.
Premier niveau : dans un processus de recrutement, l’IA permet déjà de rédiger des annonces, de jouer un rôle de chasseur de têtes sur des profils précis dans des réseaux comme LinkedIn, de prendre contact avec les futurs talents…
Deuxième niveau : quand le contact est établi, le recours à des IA conversationnelles comme ChatGPT permet aux candidats de poser des questions pour se préparer à l’entretien, d’en apprendre plus sur l’entreprise.
Troisième niveau : l’utilisation de Machine Learning (ML). C’est l’apprentissage automatique/statistique permettant de prédire des résultats de plus en plus précis à partir de données. Lors d’un entretien, le candidat va, par exemple, répondre à des questionnaires ou expliquer certaines situations, l’IA va dégager ses forces, ses faiblesses, son potentiel…
L’étude de Manpower explique par ailleurs que « l’Intelligence Artificielle transforme positivement les pratiques RH et que de manière générale, les employeurs belges pensent que durant les 2 prochaines années, l’IA va avoir un impact bénéfique sur la gestion de leur personnel ».
Voici quelques chiffres :
- Pour 58%, l’IA aura un impact positif sur la formation des employés ;
- Pour 57% l’IA aura un impact positif sur l’engagement des salariés ;
- Pour 56% l’IA aura un impact positif sur l’amélioration des compétences (reskilling/upskilling);
- Pour 52% l’IA aura un impact positif sur les process d’onboarding et d’intégration des nouveaux employés.
L’IA, on le voit, devient omniprésente en entreprise. Et, bonne nouvelle, jusqu’à présent, la lune de miel semble réelle 🙂