Ni psy, ni mentor, le coach est un GPS.
La crise du Covid a eu de nombreux effets sur le monde du travail. Un de ceux-ci est la remise en question pour de nombreux travailleurs du sens qu’ils donnent à ce qu’ils font. Cela se traduit notamment par les phénomènes de quiet quitting (démission silencieuse) et de grande démission. Pour faire face à ces mouvements, il existe de nombreuses solutions. L’une d’elles consiste à faire appel à de l’aide extérieure pour accompagner les collaborateurs qui le souhaitent. En clair : faire appel à du coaching. C’est le pari que font certaines sociétés. Mais de quoi parle-t-on exactement ?
Il n’est plus rare aujourd’hui, lors de réunions ou d’événements, de rencontrer des personnes qui se définissent comme coachs, de vie, en communication, en sport ou professionnel. Pas toujours évident de comprendre ce qui se cache derrière cette appellation qui reste fort vague.
De manière simple, nous pourrions définir le coaching comme étant le métier « qui consiste à accompagner des individus, des équipes ou des organisations dans la définition et la réalisation de leurs objectifs d’évolution, de développement, de décision et de transformation dans le respect des droits des individus, des équipes ou des organisations ». Cet accompagnement répond à un besoin identifié par l’entreprise basé sur des principes fondamentaux.
Plus qu’un entraîneur de sport qui décide souvent seul de la stratégie et des décisions à prendre, le coach va, au contraire, agir comme un catalyseur d’énergie et permettre au collaborateur qu’il accompagne de prendre conscience et d’apprendre à réussir en s’autonomisant. On l’aura compris, le coaching professionnel comprend trois parties : l’entreprise, le coach et le coaché.
Quels types de coaching ?
Faire appel à un coach dans le cadre professionnel a un objectif précis : permettre une évolution positive à court ou moyen terme qui soit bénéfique tant pour le collaborateur que l’entreprise. Il ne s’agit pas de formations mais bien d’accompagnement avec échanges interactifs. Le tout basé sur l’écoute active, le questionnement, la reformulation, le recadrage et le(s) plan(s) d’action(s).
En entreprise, les coachings les plus courants sont les coachings de dirigeants (vision stratégique, leadership…), de manager (gérer une équipe, déléguer, encadrer, motiver…), de prise de fonction, de potentiels identifiés dans l’entreprise, de communication (prise de parole, gérer le stress, préparer une réunion…), de carrière (pour identifier, avec lui, ce que le collaborateur souhaite faire). Voici une première palette large, non-exhaustive et complémentaire.
Quand faire appel à un coach ?
Faire appel à un coach fait sens à plusieurs moments précis. Le premier, c’est quand on prend conscience qu’on rate quelque chose ou qu’on n’atteint pas un objectif qui nous est cher. Le second, c’est quand, justement, il nous manque un sens, une orientation à ce que nous faisons. Le troisième, c’est quand on n’arrive pas à identifier seul ce qui ne fonctionne pas.
Le coach va alors nous permettre de nous poser les bonnes questions et de trouver en nous, et l’énergie et les réponses qui vont nous permettre d’avancer. Ou, au contraire, nous décider à ne pas avancer dans telle ou telle direction.
Faire appel à un coach permet de structurer ce questionnement. Avec un point très important, le coach n’est ni un mentor, ni un consultant/expert. Il ne donne pas directement de conseils ou de solutions face à un problème, il pousse les gens à s’interroger et à trouver les réponses d’eux-mêmes.
Le coach n’est pas, non plus, un psy.
Pas toujours facile de mettre des limites tranchées entre ce qu’on raconte de soi pour avancer, y voir plus clair et ce qu’on raconte de soi pour se guérir. Et pourtant, la différence est énorme et il est essentiel de comprendre qu’un coach n’est pas un psy. C’est d’ailleurs ce que rappelait une des pionnières du coaching en Belgique, Sylviane Cannio, il y a quelques mois dans un entretien à la Libre Belgique. « Je ne soigne pas le passé. Je peux y aller pour chercher des informations, des souvenirs et des sentiments qui ont laissé des traces, mais je ne guéris pas une souffrance du passé. Un exemple ? Je rencontre souvent des personnes extrêmement timides et terriblement bloquées quand il s'agit de prendre la parole. L’une d’elles me racontait avec effroi une première élocution à 13 ans en néerlandais où toute la classe avait ri. Il s'était senti lésé, humilié. Moi, je suis là pour recadrer, je décortique ce fameux moment clé, je compare avec ce qu'il se passe aujourd'hui. L'objectif, c'est de couper l'impact du passé en utilisant l'information de la cause et en ouvrant d'autres portes. Mais je ne guéris pas son passé ».
Comment choisir un coach ?
Qui dit marché en pleine expansion dit offre en pleine expansion également. Pas facile de s’y retrouver, de savoir ce dont on a besoin et à qui faire confiance.
Si vous vous baladez sur Internet, vous trouverez de tout. Et il se peut que certaines annonces vous fassent penser à ces petits tracts publicitaires pour marabouts que l’on retrouve dans nos boîtes aux lettres et qui promettent « le retour de l’être aimé », « des rentrées d’argent ».
Si le coach n’est ni mentor, ni un psy, il n’est pas non plus magicien.
- La première chose à faire est donc de travailler avec une personne agréée. On ne s’improvise pas coach, on le devient par la formation.
- La deuxième chose est de se renseigner autour de soi, rien ne vaut un retour d’expérience de personnes que nous connaissons.
- La troisième chose est de choisir un coach spécialisé dans la problématique que vous rencontrez.
- Enfin, dernière étape, il est essentiel également avant d’entamer un travail, de se rencontrer pour définir le cadre, les besoins et le budget.
Comment, d'un point de vue RH, mener un projet de coaching à la réussite ?
Comme vous pouvez l’imaginer, quelques étapes s’imposent.
Il faut être certain qu’il n’est pas trop tard pour commencer un travail de coaching. On peut fait appel au coach comme dernière solution ou comme solution unique.
Ensuite, toutes les parties prenantes doivent être alignées sur les objectifs, les moyens, les problématiques, les attentes et le potentiel du coaching et du coaché. Le RH s’engage à fournir un outil adapté pour aider le coaché à avancer, le coaché s’engage à l’utiliser pleinement et la hiérarchie à apporter son soutien dans cette démarche. Cela évitera bien des frustrations. Sans oublier le principal, le coach va devoir s’adapter au profil de personnalité du coaché. Nous ne sommes pas tous pareil au niveau cognitif !
Durant le coaching, les RH doivent être à l’écoute d’éventuels retours sur l’expérience collaborateur et s’assurer que les sessions se déroulent comme espérées.
Finalement, la réunion de débriefing est essentielle. Elle permet, en effet, d’évaluer tous les protagonistes : celui qui a reçu, celui qui a donné, celui qui a accompagné. Et elle permet surtout de voir si le coaching a été efficace, adapté, utile et réussi. Il faut évidemment en tirer des learnings pour améliorer les prochains coachings et être de plus en plus efficace dans cette démarche.
Combien ça coûte ?
Une question qui revient très régulièrement quand on parle de coaching, c’est « Est-ce que c’est cher ? ».
Se faire accompagner par un professionnel expérimenté a forcément un coût. Il faut donc l’envisager comme un investissement à moyen terme avec une amélioration conséquente de la productivité, de la performance, de la qualité, des relations interpersonnelles, des compétences managériales et de la gestion du temps.
Très concrètement,
- les tarifs varient de 130 à 250 euros de l’heure (en-dehors de missions spéciales).
- les coachs ne travaillent pas toute une journée, mais par session de 1h30 à 2h00.
- certains objectifs « simples » (prendre la parole, apprendre à déléguer) peuvent être atteints au bout de 3-4 sessions.
- d’autres (gérer une équipe, accroître son leadership) demandent plus de temps.
On terminera en soulignant, à nouveau, que le coaching est un travail d’équipe entre le coaché et le coach. Si vous êtes convaincu que le travail va servir à quelque chose, vous avez déjà progressé 😉