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Bien vivre son retour de congé de maternité

Je suis heureuse de vous retrouver. J'ai été absente ces derniers mois et pour une bonne raison : la naissance de mon bébé. Il y a quelques semaines, j’ai repris le chemin du travail. Je vous raconte dans cette newsletter inédite comment j’ai vécu ce moment et les bons réflexes de mon employeur.

Car si le travail n’a pas à pâtir du fait que nous devenons parent et que l’employeur est en droit d’attendre une certaine performance, comprendre que son collaborateur ou sa collaboratrice a besoin de flexibilité le temps de trouver son nouvel équilibre et de passer le tout premier âge de son enfant, est crucial pour, à moyen terme, garder un travailleur motivé et équilibré. On veut éviter à tout prix le burn-out (professionnel ou parental) 2 ans plus tard !

Je vous partage également le témoignage de Bénédicte et d’Arnaud, deux autres jeunes parents, qui ont vécu leur retour au travail très différemment.

 

Bonne lecture,

 

Claudia

Article thématique

  • « Payer des personnes pour faire des câlins à mon fils, c’est dur. »

    Ding dong, la récrée est finie, il est temps de retourner travailler ! Bon, devenir parent ne ressemble pas vraiment (ou plutôt vraiment pas) à une récrée, mais l’analogie n’est pas inintéressante. Retourner au travail, c’est un peu comme retourner en cours : ça fait du bien de retrouver du calme, de se stimuler intellectuellement et de renouer avec des discussions moins infantiles. En pratique, il y a un nouveau quotidien à inventer et puis, aussi, parfois, un filet de culpabilité de laisser notre enfant à la crèche ou chez un parent au lieu de passer du temps avec lui.

    Que faire quand on est employeur ?

    Tout d’abord, comprendre et respecter que notre vie a changé. L’une des clefs du succès d’un retour au travail efficace et respectueux de toutes les parties, est la flexibilité. Arnaud, manager dans une entreprise de taille moyenne : « Le monde a changé. La famille traditionnelle existe de moins en moins. Il y a des jeunes parents célibataires. Il y en a en couple qui travaillent tous les deux. Il n’y a plus toujours un grand-parent pour aider. Il arrive qu’on soit très seul dans cette nouvelle aventure. Et je pense que c’est l’occasion pour l’employeur de démontrer que, lui, fait équipe avec nous. »

    De mon côté, moi, Claudia, j’ai eu beaucoup de chance de côté-là, car Edenred a tout mis en place pour mon retour. Mon manager comprend totalement ma situation de jeune maman je me sens soutenue. La mise en place de pauses d’allaitement a été faite facilement (et ce temps est respecté comme étant hors d’atteinte), le télétravail a été provisoirement renforcé, ma demande de temps partiel provisoire grâce au congé parental a été acceptée, un renfort temporaire a été engagé et je sais que si j’ai un souci de maladie, de crèche ou autre, je pourrai m’absenter. Ça m’enlève un énorme poids et ça m’a mis dans les meilleures conditions mentales pour revenir. Je n’ai pas été stressée par cette transition, et c’est clairement grâce à toutes ces mesures. Bien sûr, certains métiers ou certains secteurs d’activité ne permettent pas de mettre en place autant d’actions, mais ajouter une dose de flexibilité est toujours possible dans le quotidien professionnel.

    Bénédicte (prénom d’emprunt), maman célibataire d’une petite Olivia, 18 mois, et employée dans une entreprise de logistique, n’a pas eu cette chance : « J’avais beaucoup d’appréhensions pour ce retour au travail. Devoir quitter le nid qu’on a construit pendant des mois à nous deux. Craindre que le lien qu’on a tissé souvent en étant poitrine contre poitrine en silence l’une avec l’autre, se coupe. Plus le jour J se rapprochait, plus je devenais vraiment nerveuse. Au final, il y a eu des bonnes choses et de moins bonnes. Mon lien avec Olivia n’est pas moins fort. On se retrouve le soir après la crèche et tout va bien, en fait. J’ai par contre réalisé que mon employeur n’avait absolument pas de politique pour les mères de famille. Et encore moins quand, comme moi, elles sont célibataires. Ça a été une vraie claque. Derrière les beaux discours, aucune action concrète. »

    Il est important que l’entreprise comprenne que devenir parent ne nous rend pas « moins bons » dans notre travail. Simplement, ça nous fragilise d’un point de vue professionnel, le temps de trouver notre nouvel équilibre. Le rôle des RH et de l’employeur est capital pour maintenir son collaborateur ou sa collaboratrice motivé et impliqué.

     

    Un retour qui se prépare

    La meilleure manière de rendre ce retour le plus doux possible est de le préparer. Il existe plusieurs manières de faire. Ce qui est légal, à savoir informer le collaborateur de ses éventuels droits, options et avantages. Et puis, tout ce qui n’est pas obligatoire, mais qui peut être mis en place par l’entreprise pour rendre ce retour joyeux et convivial : cadeau de bienvenue, drink de retour, présentation du bébé à l’équipe, e-mail d’information de reprise de travail…

    « L’entreprise est complètement passée à côté de moi », continue Bénédicte.

    « J’ai reçu un sms de ma supérieure me disant qu’elle m’attendait le 1er du mois, trois jours plus tard. Elle précisait qu’elle me voulait en forme, car il y avait du taf. J’ai vraiment été choquée. Pas un mot gentil, aucune empathie, juste du factuel. Je suis peut-être sensible, mais pendant 9 mois votre corps change, il est littéralement habité. On doit par la suite retrouver un équilibre physique, hormonal et moral. Plus gérer la logistique. Et le seul mot de mon entreprise en 12 mois, c’est "il y a du taf". »

    Si le témoignage de Bénédicte constitue clairement un exemple à ne pas suivre, je vous partage avec plaisir le mien (Claudia) qui était très positif ! Il s’est avéré que mon premier jour correspondait avec un lunch d’équipe et un bilan de 2022. J’ai donc pu revoir tout le monde et avoir une vision globale de ce qui s’était passé et de ce qui allait se passer en 2023. C’était du grand luxe.

    Je ne peux que conseiller au manager de prévoir une réunion « Ce que tu as manqué et ce qui nous attend » au retour de sa collaboratrice.

     

    Gérer ses émotions

    Ce qui a été difficile pour moi, c’est quand j’ai pris conscience que moi, j’allais être moins disponible pour mon fils. Pas lui pour moi, ça je m’y étais préparée avec la crèche. Mais moi pour lui, niveau temps, niveau espace mental... Réaliser que je vais devoir le gérer entre le quotidien, les e-mails, la logistique est le plus dur à mes yeux. Réaliser que je vais payer des personnes pour lui faire des câlins à ma place, c’est dur. Pour moi, c’est la gestion des émotions qui est vraiment difficile. Il y a le sentiment de laisser mon fils, mais en même temps, je suis très contente de retrouver mes collègues. Il y a une forme d’excitation de redémarrer quelque chose. J’aime beaucoup mon travail, donc c’est assez motivant.

    Devenir maman ne fait pas de moi une moins bonne employée. Au contraire, la maternité m’a appris à prendre davantage de recul, à poser mes limites, à hiérarchiser mes priorités, à lâcher prise et, évidemment, à devenir une pro du multi-tâche ! A l’heure d’écrire ces lignes, mon bébé dort contre moi en écharpe…

     

    Des options pour concilier parentalité et travail

    Arnaud : « Je n’ai pas réalisé tout de suite que j’allais devenir père et puis que je l’étais devenu. J’ai vraiment eu un ressenti incroyable quand mon épouse est rentrée à la maison avec notre fils. Il était à côté de nous dans son maxi-cosi. Je me souviens l’avoir regardé, avoir pris la main de mon épouse dans la mienne et lui avoir dit : nous sommes une famille, maintenant. Et quelques jours plus tard, je décidais de demander un congé parental », nous raconte Arnaud par téléphone.

    Le congé parental constitue une des options possibles pour prolonger le congé de maternité ou pour profiter de ses enfants. C’est d’ailleurs aussi le choix que j’ai fait. Je devais rentrer mi-décembre 2022, mais ils sont encore tout petits à 3 mois ! J’ai fait la demande d’un congé parental de deux mois à mi-temps afin de me permettre de vivre une transition douce. Pour ceux qui ont l’occasion de le faire, je le recommande chaleureusement. Ça permet de se remettre en douceur, de se poser doucement.

    Je n’en suis que davantage motivée quand je travaille, je donne toute mon énergie et me consacre à fond au travail, car je sais que j’aurai le temps aussi de me consacrer à fond à mon bébé plus tard.

    Une décision pas toujours bien vue. « La société pour laquelle je travaille m’a clairement fait comprendre que c’était un problème pour eux. Pas de manière officielle, évidemment, ce serait illégal, mais par des petites phrases sur mon désengagement, sur les objectifs à atteindre. C’est vraiment triste, mais ça reflète surtout une mentalité d’une autre époque. Dans les pays nordiques, certaines femmes ministres ou députées viennent à l’assemblée avec leurs enfants. Parfois même y allaitent. Je trouve que c’est un message merveilleux qui est ainsi partagé. Oui, nous avons droit à une vie de famille et le travail n’est pas tout », conclut Bénédicte.

    Quel est le cadre légal du congé parental ? En tant qu’employeur, quelle est votre marge de manœuvre ? Découvrez-le dans notre article pour aller plus loin.

     

    Respecter ce qu’on met en place

    Parfois, ce n’est pas l’employeur qui est un frein à un retour harmonieux. Il se peut que ce soit le collaborateur lui-même qui ne parvienne pas à faire la part de certaines choses. C’est ce qu’explique Bénédicte. « Je dois avouer que j’ai du mal à me tenir à certaines décisions. Techniquement, j’avais décidé de faire des pauses d’allaitement. Mais je me suis rendu compte que ces pauses n’en étaient pas, parce que je continuais quand même à lire mes e-mails, à répondre à des coups de fil, et même à faire des visio-conférences en coupant ma caméra. Et en fait, ce qui aurait dû être un moment de détente nécessaire est devenu un stress. Mais c’est uniquement de ma faute. Je n’ai pas su respecter mes limites et mettre le cadre. Maintenant, c’est impossible de faire marche arrière. »

Inspirations

  • Et ailleurs en Europe ?

    Depuis août 2022, l’ensemble des pays européens ont dû mettre en œuvre la directive européenne portant sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, qui impose un « minimum commun » concernant le congé parental.

    Tous les citoyens européens ont désormais droit à :

    • un congé de paternité de minimum 10 jours.
    • un congé de maternité de minimum 14 semaines
    • un congé parental de minimum 4 mois
    • un congé d’aidant de 5 jours minimum par an

    Mais il existe encore de très grosses disparités d’un pays à l’autre.

    Ainsi, en Bulgarie, le congé de maternité est de 60 semaines (oui, oui), payé à 90%, alors qu’il n’est que de 14 semaines en Estonie. 

    L’Estonie offre par contre un congé parental de 3 ans rémunéré, contre 4 mois en Belgique. En Grèce, il est de 4 mois non rémunéré.

    Mais une vraie belle avancée, c’est celle de plusieurs pays européens (Finlande, Pologne, Suède, Autriche, Hongrie…) qui font du congé parental un droit transférable entre parents.

  • Congé parental, congé de soutien et crédit-temps

    En Belgique, il existe différents types de congé pour les parents qui souhaitent passer plus de temps avec leurs enfants.

    Le plus courant est le congé parental. Jusqu’à ce que l’enfant atteigne l’âge de 12 ans, la loi permet au parent de bénéficier d’un congé parental de 4 mois maximum par enfant. Ce congé, qui peut être pris sous différentes formes (temps plein, temps partiel…) nous permet de passer du temps avec nos enfants tant qu’ils sont petits. 

    Ensuite, dans le secteur privé uniquement, il existe aussi le crédit-temps. Tout comme le congé parental, ce dernier peut être pris à temps plein ou temps partiel et est soumis à plusieurs conditions. Par contre, il n’est pas réservé aux parents : 6 motifs sont autorisés comme motif pour ce congé.

    Enfin, il est également possible de prendre un congé de soutien appelé aussi « congé pour aidants-proches ». Il s’agit pour le collaborateur de « suspendre totalement l'exécution de son contrat de travail ou de réduire ses prestations de travail en vue d'assister un membre du ménage ou de la famille gravement malade ou de lui prodiguer des soins. » 

     

    Pour tout savoir site de l’ONEM.

     

Le saviez-vous ?

  • 15h39

    Si l'on tient compte des activités non rémunérées, les femmes « travaillent » en réalité davantage que les hommes. Elles consacrent ainsi 15h39 (deux jours de travail...) de plus par semaine que les hommes aux tâches domestiques et aux soins des enfants.

     

    Source : rapport ministériel janvier 2023