Les salaires si chers en Belgique ?
Entre un coût d’emploi élevé et une taxation qui l‘est tout autant, comment rendre du pouvoir d’achat au travailleur ? Comment optimaliser son salaire ? Avec des packagings, des assurances, des avantages, une voiture de société ? Qu’est-ce qui existe et jusqu’où peut-on aller ? Cette newsletter amène quelques éléments de réponses.
En 2017, un travailleur occupé à temps plein en Belgique gagnait en moyenne 3.558 euros brut par mois. Les travailleurs de la Région de Bruxelles-Capitale gagnent 4.174 euros brut, alors que les employeurs de Flandre et de Wallonie versent un salaire brut de respectivement 3.499 euros et 3.308 euros. Mais si on regarde les données globales de l’emploi en Belgique, on constate que le coût de l’emploi est élevé.
Selon Eurostat, la Belgique est le troisième pays le plus cher pour l’emploi dans l’Union européenne. On évalue qu’une heure de travail coûte chez nous 40,5 € de l’heure. Le Danemark est à 44,7 € et le Grand-Duché de Luxembourg à 41,6 €. La moyenne européenne s’élève, quant à elle, à 27,7 € de l’heure. L’Allemagne occupe la septième place en Europe, avec un niveau de 35,6 € de l’heure. La Suède (36,3 €), les Pays-Bas (36,4 €) et la France (36,6 €) se situent également au-dessus de la moyenne européenne. Engager, coûte donc cher. Et ce n’est pas tout…
Une taxation élevée également
La taxation est, elle aussi, assez élevée. L'impôt des personnes physiques appliqué aux revenus imposables globalement est progressif par tranches. Par exemple, 25 % pour la tranche de revenus de 0 à 12 990 € ; 50 % pour la tranche supérieure à 39 660 €.
À cet impôt des personnes physiques sur le revenu, s'ajoute la cotisation à la sécurité sociale (ONSS) de 13,07 % prélevée sur le salaire brut. Peuvent également s’ajouter des taxes communales et régionales.
Face à cette taxation élevée et au coût élevé de l’emploi, le défi pour le gouvernement et les employeurs est de donner plus de pouvoir d’achat au travailleur. C’est toute la raison du tax shift qui a permis une hausse du salaire net ces 3 dernières années. C’est aussi toute la raison des avantages extralégaux qui permettent d’optimaliser le salaire d’un collaborateur.
Quatre types d’avantages extralégaux
En moyenne, une entreprise belge octroie à ses collaborateurs 31 avantages en complément du salaire fixe. Ces derniers représentent généralement 15 à 20 % du package salarial brut total. Il en existe quatre catégories : les avantages de toute nature, les avantages en nature, les avantages sociaux et les frais propres à l’employeur.
Les avantages en nature sont des avantages octroyés par l’employeur en raison ou à l’occasion d’une activité professionnelle. Ces avantages sont généralement liés à une fonction particulière (ex : conciergerie) ou à la haute direction. On y trouve, entre autres, le paiement d’un logement, du gaz, de l’électricité́, de l’eau, du chauffage ou la jouissance d’un terrain. Peu de personnes en profitent en Belgique.
Les avantages de toute nature sont, eux, beaucoup plus populaires. Ce sont ces derniers qui permettent à l’employeur d’être attractif pour un collaborateur. En Belgique, il en existe 83.
83 avantages extralégaux
La voiture de société, la mise à disposition d’un GSM avec abonnement ou de matériel informatique (ordinateur ou tablette avec connexion internet), l’octroi de chèques-repas et de chèques cadeaux ou encore la souscription à diverses assurances (groupe ou hospitalisation) constituent les avantages extralégaux les plus populaires en Belgique.
Intéressons-nous de plus près à la si populaire voiture de société. En Belgique, 1 travailleur sur 6 en possède une. Si elle est si plébiscitée, c’est parce que le budget voiture représente dans un ménage plusieurs centaines d’euros par mois. Sans compter l’essence et l’assurance. Un avantage populaire pour les travailleurs et les entreprises, mais qui est dans le collimateur des autorités pour des raisons écologiques et de mobilité (embouteillages).
Raison pour laquelle, les autorités ont lancé le budget mobilité qui permet désormais aux travailleurs de bénéficier de l’avantage fiscal que représente la voiture de société, tout en le taillant sur mesure en fonction de leurs besoins individuels. Afin d’accélérer le processus de transition vers « moins de voitures de société », les autorités ont également opté pour une révision du régime de faveur fiscal, afin de rendre ces voitures moins attrayantes. Trois changements importants en matière de déductibilité fiscale sont donc entrés en vigueur au 1er janvier 2020. Il faudra attendre début 2021 pour voir s’il y a eu un impact ou non.
Et les autres…
En plus des avantages en nature et de toute nature, certaines entreprises proposent des avantages sociaux pour booster le salaire. Il s’agit des primes, de la prise en charge de certains frais, d’un cadeau octroyé pour une occasion spécifique (mariage, naissance, ancienneté, …).
Autre possibilité, les frais propres à l’employeur. Ces derniers constituent en fait un remboursement des frais nécessairement occasionnés par l’exécution du travail. Les plus connus sont les frais de déplacement. Mais il en existe d’autres tels les remboursements d’achats de livres, de restaurant, etc. En ce qui concerne le montant du remboursement, il peut s’agir d’une indemnité correspondant aux frais réellement exposés ou d’un montant forfaitaire établi conventionnellement. Bien sûr, le montant octroyé doit être proportionnellement raisonnable en fonction du salaire. Il n’est pas question, par exemple, d’octroyer 500 euros de FPE pour un salaire de base de 1.200 € nets.
Le petit nouveau
Les 6 derniers mois ont été particulièrement éprouvants pour toute une série de collaborateurs, sociétés, secteurs… Le Coronavirus n’a pas épargné grand monde financièrement. La récession économique est là, de nombreuses entreprises sont touchées. Et le mot d’ordre semble assez généralisé : il n’y aura pas d’augmentation cette année. Ni de primes. C’est peut-être l’occasion de réfléchir à d’autres options qui permettent de récompenser des collaborateurs à qui on a parfois demandé la lune, tout en gardant une maîtrise des dépenses.
C’est dans ce contexte-là qu’a été inventé le chèque consommation. Il s’agit d’un bonus extralégal spécial post-Covid pour booster le pouvoir d’achat des travailleurs belges et encourager la relance économique. D’un montant maximal de 300€, le chèque consommation est un dispositif win-win-win : pour l’employeur grâce au cadre légal avantageux, pour le travailleur qui voit ses efforts récompensés et son pouvoir d’achat substantiellement augmenté, ainsi que pour l’économie locale qui bénéficie de ce montant directement injecté dans l’horeca, les établissements culturels, les associations sportives et les petits commerces qui ont dû fermer leurs portes pendant au moins 1 mois.
C’est le petit nouveau des avantages extralégaux belges et c’est un véritable avantage d’expression de solidarité. Attention toutefois, sa durée de vie est limitée : il peut se commander jusqu’au 31 décembre 2020 et être dépensé jusqu’au 7 juin 2021.