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Savoir-faire mais avant tout, savoir-être

Le monde du travail n’est pas ce monde sans foi ni loi où seuls les plus durs survivent. La preuve ? Depuis un certain temps, la « douceur » s’est imposée dans les couloirs des entreprises. Les profils actuellement recherchés par de nombreux recruteurs et sociétés sont en effet bien différents de ceux qui étaient encore à la mode il y a quelques années.

Aujourd’hui, on privilégiera les compétences comportementales, transversales et humaines (qu’importe l’âge) plutôt que des compétences ultra spécifiques. Il n’est ainsi plus rare de voir des personnes diplômées en Philologie romane être engagées dans des grandes sociétés informatiques ou des historiens de l’art devenir consultant en… RH.

Cette tendance qui privilégie le potentiel au savoir-faire nous vient tout droit des GAFA américaines (Google, Apple, Facebook et Amazon). Effet de mode ou changement radical dans la manière d’envisager l’entreprise ? Seules les prochaines années pourront apporter une réponse avisée.

Très bonne lecture !

Article thématique

  • Les soft skills, ou l’art de réinventer le recrutement...

    Depuis deux ans, une tendance s’impose dans le monde des Ressources Humaines. Aux hard skills, les recruteurs et entreprises privilégient en effet aujourd’hui les soft skills. Mais de quoi parle-t-on exactement ? Cela concerne-t-il tous les métiers ? Ces compétences « douces » s’apprennent-elles ou sont-elles innées ? Comment les développer ? Sont-elles toutes recherchées ? Comment les définir ? Cette newsletter amène les premiers éléments de réponse.

    Durant de nombreuses années, les candidats misaient tout sur leurs diplômes et leurs expériences. En 2020, et dans un monde (post-)Covid, cela ne suffit plus. Aujourd’hui, la mode est aux « compétences douces » qui ne se traduisent ni dans les diplômes ni dans les lignes des CV. Les « soft skills » ou « compétences douces » désignent tout simplement les compétences comportementales et humaines. En clair, ce terme désigne les aptitudes personnelles qui démontrent un haut degré d’intelligence émotionnelle (cf. article 2 : L’intelligence émotionnelle, c’est quoi ?).

    Ces compétences douces sont transversales. Quelqu’un qui est bon en résolution de problèmes le sera devant un puzzle, le sera en tant que manager devant un groupe et le sera encore quand il devra prendre, en tant que professeur par exemple, une décision engageante. À l’inverse des hard skills qui décrivent des compétences techniques spécialisées dans la réalisation d’une tâche, les soft skills sont en effet avant tout une manière d’envisager les tâches, quelles qu’elles soient. En caricaturant un peu, nous pourrions dire que les hard skills sont le savoir-faire et que les soft skills sont le savoir-être.

     

    Pourquoi les soft skills sont à la mode ?

    D’après la dernière étude Cadremploi/Michael Page « Soft skills », publiée le 16 mai 2019 en Europe, 62 % des dirigeants et cadres ayant des responsabilités managériales sont aujourd’hui prêts à recruter les candidats principalement en fonction de leurs soft skills. Pourquoi ? Car depuis une vingtaine d’années, le monde du travail est en pleine évolution avec la digitalisation, l’automatisation, l’internationalisation, la robotisation, le travail à domicile, l’émergence de l’intelligence artificielle, la délocalisation, etc.

    Certaines questions comme celles portant sur les genres ou les origines culturelles se sont également imposées dans le débat des entreprises. Cela a eu pour conséquence, entre autres, une évolution accélérée des métiers et une remise en question des rapports humains. Aujourd’hui, les travailleurs doivent donc être de plus en plus stratégiques et de plus en plus autonomes dans les prises de décisions liées à leur fonction. Deux raisons pour lesquelles les employeurs privilégient les soft aux hard skills.

     

    Quelles soft skills privilégier ?

    En fonction des entreprises et des champs d’action, on pourrait croire que les compétences douces à privilégier peuvent varier. On ne travaille en effet pas dans une banque comme on le fait dans une maison de production de contenus ou dans une agence publicitaire. Et pourtant, les grandes tendances des compétences douces sont relativement les mêmes, quels que soient les secteurs d’activité, les pays et même l’âge des collaborateurs.

    Première des compétences douces recherchées, la créativité. C’est le fameux Think Outside The Box (penser en dehors de la boîte). Cette capacité à penser en dehors du cadre pour trouver des solutions ou des innovations auxquelles les autres n’avaient pas pensé est perçue aujourd’hui comme un diplôme en soi.

    Autre grande compétence recherchée : la capacité à coopérer. On l’a écrit, le monde de 2020 est un monde pluriel et changeant où la norme est… de ne plus en avoir une seule. Dans ce contexte, les personnes capables d’aller chercher l’autre dans sa différence pour le fédérer autour d’un projet commun sont très recherchées. Alors que durant de très nombreuses années, les ressources humaines et les entreprises souhaitaient des gens « qui ne posent pas trop de questions », aujourd’hui la curiosité d’un collaborateur, et sa capacité à s’interroger sur ce qui l’entoure, est une valeur remarquée également.

     

    Communiquer et être critique

    Dans un monde en évolution permanente, il faut être capable de s’adapter, mais également de transmettre ses savoirs ou les savoirs des autres. Une société qui n’est pas capable de transmission est une société qui n’avance pas et qui, in fine, est condamnée à disparaître. C’est la raison pour laquelle, depuis une bonne dizaine d’années, la communication est une compétence hautement valorisée en entreprise. Il y a bien sûr les spécialistes qui sont engagés en priorité pour cela (communication manager, communication officer, media social spécialist…), mais il y a aussi des personnes qui n’ont pas ce profil à la base (ingénieur, technicien…) mais pour qui la communication est un rouage essentiel de leur métier et qui le font avec efficacité.

    Autre soft skill très demandée : l’esprit critique. Face au nombre de plus en plus important d’informations qui circulent, face aux opinions de plus en plus diverses et parfois clairement subjectives qui sont émises sur des supports de plus en plus nombreux (Internet, application…), la capacité à prendre de la distance est aujourd’hui considérée comme un vrai trésor par les entreprises. Cette capacité est en effet capitale pour savoir non seulement regrouper les flux d’informations, mais aussi les organiser, les trier et surtout, les filtrer afin de produire des raisonnements stratégiques et percutants.

     

    Inné ou acquis ?

    Les softs skills sont-elles innées ou est-il possible de les apprendre ? Spontanément, de nombreuses personnes pourraient répondre qu’on naît « communicant », « rassembleur », ou encore « critique ». Et pourtant, si certaines personnes sont plus douées que d’autres pour certaines de ces compétences douces, il est tout à fait possible de les apprendre. Ou, pour ceux qui en sont dotés de manière plus innée, de les affiner. Comment ? Rien de très original à prévoir, en fait.

    Tout comme pour les compétences « hard », il est d’abord question de formation. Aujourd’hui, de nombreux spécialistes proposent des formations en compétences douces. Aux livres bien épais à apprendre, ces formations privilégient les mises en situation, les scènes de théâtre, les jeux d’acteurs au cours desquels les collaborateurs vont pouvoir se confronter à leurs limites. On n’apprend pas à un collaborateur la valeur de la coopération dans un livre mais bien en le plaçant dans une situation où il a besoin des autres pour réussir la tâche qui lui a été assignée.

    Une fois les formations terminées, le rôle des ressources humaines ou du management de la société est d’encadrer ces soft skills et leurs usages. Là encore, rien de très original, il est impératif de définir des objectifs et de donner aux collaborateurs les moyens (y compris humains) pour les atteindre. Enfin, comme pour toute acquisition de compétence, il convient d’évaluer ce qui a été ou n’a pas été à des moments précis et convenus avec les collaborateurs et le formateur.

Inspirations

  • L’Intelligence émotionnelle, c’est quoi ?

    Émergente depuis quelques années, la notion d’Intelligence émotionnelle (EI en Anglais) - ou Quotient émotionnel (QE) - a été développée en parallèle de ce qui constituait jusqu’alors le Graal : le QI (Quotient Intellectuel).

    Il s’agit de la capacité à comprendre et gérer ses propres émotions et celles de ceux qui nous entourent. Les personnes qui ont un degré élevé de QE savent ce qu’elles ressentent et comment ces émotions peuvent affecter d’autres personnes.

    Un leader ne peut obtenir de succès sans QE. Selon Daniel Goleman, un psychologue américain qui a popularisé le concept de QE, il y a 5 éléments clés qui déterminent le quotient émotionnel : l’empathie, la motivation, les compétences sociales, la sensibilité et le self-contrôle.

    Source

  • Le top 10 des soft skills

    Selon le Forum Economique Mondial, voici les 10 compétences les plus recherchées par les entreprises aujourd’hui (les 5 premières sont d’ailleurs reprises dans notre article Soft skills, ou l’art de réinventer le recrutement...).

    1. La capacité à coopérer

    2. La curiosité

    3. La communication

    4. L’esprit critique

    5. La créativité

    6. L’intelligence émotionnelle

    7. La capacité de jugement et prise de décision

    8. L’orientation Service

    9. La négociation

    10. La flexibilité cognitive ou la capacité de passer d’une tâche cognitive à une autre

     

    N’hésitez pas à lire cet article très complet (en anglais) pour en savoir plus.

    Source 

Le saviez-vous ?

  • 84

    84 % des cadres européens considèrent que savoir s’adapter est l’une des « soft skills » que la culture de leur entreprise met le plus en avant, suivie par l’autonomie et l’organisation (82%).

    Source : Institut de sondage IFOP, étude réalisée en septembre 2019.