La formation à 360°
« Etre formé », « se former », « formation continue », « être en formation ». Ces dernières années, tout ce qui touche de près ou de loin aux formations est devenu tendance en entreprise. Mais plusieurs questions demeurent : Pourquoi se former ? Comment choisir une formation ? Combien ça coûte ? Est-ce obligatoire de former ses équipes ? Vous vous posez ces questions ? Cela tombe bien, cette newsletter amène quelques réponses.
Pourquoi suivre une formation ? La question peut paraître toute simple, voire futile. Et pourtant, de nombreux responsables de sociétés et de nombreux collaborateurs se demandent encore pourquoi ils devraient consacrer du temps à se former. N’ont-ils déjà pas tout étudié ? Ne sont-ils pas les mieux à même de savoir ce qui est bon pour eux puisqu’ils sont dans le métier depuis un certain temps ? La formation en entreprise, qu’on appelle parfois aussi formation continue, est une étape cruciale pour ceux qui veulent évoluer ou tout simplement rester « connectés au monde réel ».
Pour Cécile Sztalberg qui dirige le centre de Formation continue de l’ULB « Les connaissances évoluent tellement vite qu’il est nécessaire non seulement de faire des mises à jour régulières, mais également de structurer les connaissances acquises par la pratique professionnelle pour les remettre en perspective, de faire un bilan, de prendre du recul et de réaliser une analyse critique de ses propres pratiques ». Et donc de ses propres limites. En dehors de ce côté recul sur soi et actualisation des connaissances, la formation permet bien d’autres choses. Elle permet par exemple de développer de nouveaux savoirs et d’approfondir ses acquis. Elle est par ailleurs généralement source de motivation car elle permettra peut-être d’obtenir un grade plus élevé ou un meilleur salaire. En outre, elle sera peut-être synonyme à moyen terme d’investissement dans une nouvelle activité professionnelle. Mais ça, il ne faut pas le dire trop fort car l’employeur aurait légitimement beaucoup de mal à financer une réorientation professionnelle qui passerait par la case « départ de l’entreprise ».
Comment choisir une formation ?
Les formations sont évidemment très différentes en fonction du secteur d’activités où l’on évolue. Un magasinier, un directeur sportif, un community manager ou un chef de projet ne font pas les mêmes métiers et n’ont donc pas les mêmes besoins en termes de formation. Et pourtant, il y a tout de même trois questions qui doivent se poser pour toute personne qui suit une formation. La première : Quel est le bénéfice pour l’entreprise et le collaborateur ? En clair, il faut que les compétences apprises en fin de formation puissent être directement utilisées au sein de l’entreprise ou dans le travail quotidien. La deuxième porte sur la disponibilité. Il est essentiel que l’impact temps que prend une formation ne soit pas intenable pour le collaborateur ou pour le reste de l’équipe qui suppléera à son absence. Enfin, dernière question : le formateur est-il adapté au collaborateur ? Il existe beaucoup de formateurs avec des approches et des styles différents. Il est important de réaliser un scan afin de s’assurer qu’il y aura affinité entre le formateur et les collaborateurs amenés à suivre sa formation. Rien de pire que d’avoir des collaborateurs demandeurs, une formation solide sur le fond mais un formateur incompatible sur le code, le profil ou la méthode.
Que dit la loi ?
Jusqu’au premier février 2017, les entreprises avaient l’obligation de consacrer 1,9 % de leur masse salariale à la formation. Depuis cette date, la donne a un peu changé. Aujourd’hui, il est imposé à tous les employeurs belges de plus de 20 travailleurs de proposer en moyenne cinq jours de formation par équivalent temps plein par an. La nouvelle loi prévoit que l’objectif interprofessionnel de 5 jours de formation en moyenne par équivalent temps plein peut être concrétisé soit au niveau sectoriel soit au niveau individuel. Dans tous les cas, le nombre de jours octroyés dans le cadre d’un compte formation individuel ne peut être inférieur à un équivalent de 2 jours pour un travailleur occupé à temps plein. Le compte formation individuel doit également prévoir une trajectoire de croissance dont l’objectif est d’atteindre 5 jours de formation en moyenne par équivalent temps plein par an en 3 ans. Attention, dans le cas où le travailleur n’aurait pas épuisé les jours de formation auxquels il peut prétendre l’année concernée, ces jours seront transférés à l’année suivante sans pour autant diminuer son crédit formation de l’année suivante.
Le plan de formation
Si vous souhaitez développer un projet interne un peu ambitieux, on vous demandera d’établir un business plan pour savoir si l’entreprise peut se lancer ou non dans ce projet. C’est le fameux « Go/No Go ». Si vous souhaitez lancer une activité, la banque exigera également un business plan. Mais avez-vous déjà entendu parler des plans de formation ? Un plan de formation « permet de structurer les enjeux et orientations que l’entreprise veut atteindre au travers de la formation, les actions de formation répondant à ces enjeux, leurs objectifs, les effets attendus, leurs modalités d’organisation (pédagogie, calendrier, planification), les ressources financières affectées, de manière prévisionnelle, à la mise en œuvre des actions ». Ce plan est une obligation légale pour les sociétés de plus de 20 travailleurs. L’entreprise est donc tenue de proposer un plan de formation qui correspond d’une part, à l’aperçu des besoins de formation dans l’entreprise et, d’autre part, à la manière dont elle compte y répondre. La mise en place d’un tel plan demande du temps de préparation. Et il doit réunir et impliquer l’ensemble des acteurs de l’entreprise : direction, managers, salariés, collaborateurs divers, interlocuteurs sociaux. Pour être efficace, il doit être capable de combiner et de distinguer les besoins réels de l’entreprise avec les attentes ou désirs des collaborateurs. Le plan de formation doit répondre au modèle sectoriel et contient les éléments suivants : durée, description des principaux objectifs, relevé des formations projetées, relevé des initiatives de formation pour les groupes à risques et, évidemment, ce plan doit contenir un moment d’évaluation.
La Belgique à la traîne ? Pas vraiment
De manière générale, en matière de formation et de scolarité, les Belges estiment que leur pays est en retard par rapport aux autres. On serait « mauvais ». Et pourtant, de manière générale, les données détaillées sur les efforts de formation qui proviennent de l’enquête European Labour Force Survey (LFS, Eurostat) indiquent le contraire. À la question de savoir dans quelle mesure les répondants suivaient des formations, parmi les 28 États membres de l’UE, seuls 11 obtiennent un score supérieur à 10 %. À 9,4 % en 2007, la moyenne européenne atteignait 10,9 % en 2017. Durant cette période, la Belgique est passée de 7,4 à 8,5 %. Autre indicateur intéressant, l’Enquête sur la formation professionnelle continue (Continuing Vocational Training Survey) - également pilotée par Eurostat - est la seule à se concentrer exclusivement sur les efforts de formation développés par les entreprises. Et la Belgique décroche ici la deuxième place derrière la France. Alors qu’une entreprise européenne affecte en moyenne 1,6 % de la masse salariale à la formation, ce chiffre grimpe jusqu’à 2,4 % chez nous. La Belgique peut donc être fière de ses entreprises qui prennent au sérieux la formation de leurs collaborateurs. Reste maintenant à trouver les bonnes formations (cf. article Quelles formations suivre ?) et à y mettre le juste prix (cf. article Le coût des formations)