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Comment construire le "nouveau normal"?

Mars 2020 - mars 2022. Deux ans. C’est le temps qui aura séparé le premier lockdown général en Belgique (et dans le monde) de la fin des restrictions liées au Covid.

Deux ans de changements profonds, deux ans de décisions à appliquer, deux ans d’inquiétude, deux ans de peur parfois, de tensions aussi dans notre travail quotidien face à tout ce qui est nouveau. Deux ans qui ont profondément marqué notre époque.

Nous sommes tous de la « génération Covid », celle dont les livres d’histoire retiendront qu’un jour un pangolin a obligé le monde entier à se mettre sur pause puis à se repenser.

Au travail, un « nouveau normal » est en train de voir le jour. Y faire face ne sera pas forcément facile. Parce que nous avons pris des habitudes, des réflexes.

Alors, comment se préparer ? C’est tout l’objet de cette newsletter dans laquelle nous vous invitons à plonger sans modération.

Bonne lecture à tous.

Article thématique

  • Back to business

    Jamais un printemps au travail n’aura autant été synonyme de renouveau. Fini les masques, le télétravail obligatoire et, dans certaines entreprises, la distanciation sociale. Nous pouvons retourner au travail sans trop penser au Covid. Mais sans naïveté non plus.

    Le retour au travail est un sujet complexe que nous avons déjà partagé avec vous, il y a un peu. Nous y parlions alors du sens à redonner, des peurs que certains avaient ou encore du « bagage Covid » (différent pour chacun) que nous allions devoir porter. La première tentative de reprise du mois de septembre a été suivie d’une quatrième vague qui nous a, à nouveau, isolés.

    En ce mois de mars, c’est différent. Le Covid s’est épuisé et beaucoup de craintes sont parties. La fin du Covid Safe Ticket, du port des masques, le retour des spectacles et des boîtes de nuit. Beaucoup de Belges envisagent ce retour comme une libération.

    Mais ce retour n’est pas synonyme de reprise de la vie d’avant. Certaines questions restent en effet en suspens. Certaines habitudes doivent être repensées. Il va falloir définir tous ensemble (collaborateurs, entreprises, RH) ce « nouveau normal ».

     

    Repenser le rapport à l’efficacité

    Avant le Covid, certaines entreprises refusaient le télétravail, car il était, à leurs yeux, synonyme de moins de performance. La logique était : « Un employé à la maison sur lequel on n’a pas de contrôle pourrait être tenté de travailler moins. »

    Le coronavirus a obligé de très nombreuses entreprises à franchir le pas et le constat est sans appel. Les salariés à distance travaillent plus que quand ils sont sur leurs lieux de travail. Des chercheurs américains (de la Harvard Business School et de la New York University) ont même chiffré ce supplément. Selon eux, les salariés en télétravail seraient plus productifs qu'en présentiel : en moyenne 48,5 minutes de plus par jour. Soit plus de 4 heures supplémentaires hebdomadaires.

    En télétravail, on a souvent tendance à être efficace, à aller à l’essentiel et on a, finalement, peu de distractions. Pas de collègues pour venir dire bonjour, pas de réunions à l’autre bout de l’entreprise, pas de small talk près de la machine à café…

    Avec le retour en présentiel, nous devons accepter que le travail ne soit pas qu’efficacité. Nous devons accepter qu’il y ait un autre temps, parfois plus lent et dont l’objectif n’est pas la performance. Pour certains, il faudra donc combattre le syndrome de perte de temps, de manque d’efficacité, de n’avoir pas assez fait sur sa journée.

     

    Un casse-tête, la gestion des mails

    Il y a une dizaine d’années, sont apparus les premiers mugs « I Survived Another Meeting That Should Have Been an Email » pour dénoncer ces réunions où nous sommes invités et où on perd son temps. La pandémie a en partie résolu le problème puisque nous faisons aujourd’hui des meetings moins longs (de l’ordre de 20 %) alors que le nombre de mails a, lui, augmenté (de l’ordre de 5 %).

    Le retour en présentiel, les réunions physiques, le travail en équipe… ne permettront probablement plus de gérer ses mails de la même façon. Le plaisir d’avoir une boîte mail quasi à jour ne se retrouvera peut-être plus tout de suite. Pour ne pas être dépassé par le nombre de mails « non lus », il y a quatre choses à faire dès que possible :

    1.  Bloquer quotidiennement dans son agenda un temps pour traiter ses mails.
    2.  Partir à la chasse aux mails commerciaux qu’on n’ouvre jamais et qui polluent la boîte, la remplissent, mais n’apportent pas vraiment de plus-value.
    3.  Classer ses mails. Le classement peut se faire en fonction des destinataires, des clients ou bien en fonction du degré d’urgence et de la date de réponse attendue.
    4.  Donner à ses emails des objets efficaces et adéquats.  

     

    Attention aux mines

    Le monde du travail est à l’image de notre société. Certains collègues s’apprécient et se respectent profondément. D’autres ont plus de mal à travailler ensemble. Le retour au bureau va donc s’accompagner de certaines tensions que le télétravail avait mises de côté.

    Dans cette optique, il est important de faire attention aux mines qui se trouvent parfois sur notre route professionnelle et sur celle de nos collaborateurs.

    Arnaud Roisin est conflict solver[1] en entreprise et a pour mission de résoudre les conflits entre les collaborateurs afin de retrouver harmonie et performance au sein de l’équipe. Selon lui, le retour en présentiel est un moment « délicat » pour les entreprises. « Il y a des risques de conflit au niveau de l’entreprise, au niveau de l’équipe et au niveau individuel. » Premièrement, avec un turn-over de plus de 15 % ces deux dernières années, certaines entreprises ont donc 30 % de nouveaux collaborateurs depuis le début de la crise sanitaire. Peu d’entre eux ont pu se frotter à la culture d’entreprise qui se vit en présentiel. Les ressources humaines vont donc devoir veiller à ce que les nouvelles recrues adhèrent parfaitement aux valeurs et adoptent aussi les codes de la société.

     

    Partager les codes 

    Autre risque, le vivre-ensemble et le partage de l’espace. « Nous n’avons plus l’habitude de travailler tous les jours avec des collègues en les côtoyant vraiment 8 heures par jour.

    Ce qui fonctionne par écran interposé lors de réunions Teams ou Zoom et où le processus de langage est défini (chacun parle à son tour et les autres le regardent et l’écoutent), ne va pas spontanément fonctionner en présentiel car il ne suffira pas de baisser l’écran de son ordinateur pour ne plus voir ses collègues. »

    Enfin, Arnaud Roisin insiste sur les codes à partager et à recevoir. « Si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous admettrons tous que certaines mauvaises habitudes ont été prises durant le télétravail. Manger devant son ordinateur, écouter de la musique, enlever ses chaussures pour travailler, vite partir faire une course ou lancer une lessive. En open space ou dans un bureau, il y a les limites de la vie en groupe, certains risquent de vite être agacés par les habitudes ou aisances de leurs collègues. »

     

    Ré-onboarding 

    Le partage de codes, c’est aussi être capable de partager l’esprit d’entreprise. Comme nous venons de l’écrire, 30% de nos collaborateurs n’ont connu l’entreprise que « sous Covid ». Avant le Covid, plusieurs experts de l’onboarding comme Derven (2008) affirmait que l’onboarding devait respecter quatre phases :

    1.  La pré-arrivée
    2.  L’accueil des nouvelles recrues
    3.  La formation spécifique au rôle
    4.  La transition vers le nouveau rôle

    En période de Covid, ces phases ont été bousculées ou parfois totalement zappées. Lors de leur engagement, certains ont eu la chance d’être accueillis à bord. Mais pour d’autres, l’arrivée dans l’entreprise n’a pas pu se faire dans les meilleures conditions. « A mon arrivée, le premier jour, il n’y avait personne à l’accueil. J’ai dû attendre un agent d’entretien pour passer. Je me suis retrouvée toute seule dans un énorme bâtiment aux couloirs vides. La personne censée me recevoir a finalement annulé, car un de ses enfants était cas contact. Je me réjouissais de changer de boulot. Avec l’impression de ce premier jour, j’ai vécu un sentiment de vide qui m’a accompagné des mois » explique Charlotte, fonctionnaire fédérale. 

    Parfois même, les nouvelles recrues sont apparues sur les écrans des réunions Teams et Zoom du jour au lendemain, sans réelles explications. Ce retour en présentiel est peut-être une occasion unique de faire un réel onboarding (ou réonboarding) de toutes les personnes engagées ces deux dernières années. L’occasion d’une visite de bâtiment, d’un lunch convivial entre collègues et même d’un welcome pack dans lequel on ne mettra ni gel hydroalcoolique, ni masque.

    [1] Arnaud Roisin : www.conflict-resolution.be

     

Inspirations

  • Digital nomads en 2022

    On entend beaucoup parler depuis quelques années de « digital nomads ». De quoi parle-t-on ?

    Tout d’abord, une précision, si tous les digital nomads sont des télétravailleurs, tous les télétravailleurs ne sont pas des digital nomads. Les nomades numériques sont des personnes qui sont indépendantes d’un lieu particulier pour travailler et qui utilisent la technologie digitale pour effectuer leur travail. Ils donnent ainsi l’impression d’aller de lieux en lieux et d’être nomades.

    Ils n’ont au final besoin que d’un accès à Internet et de leur matériel informatique (PC, smartphone…).

    Avec le Covid, les nomades digitaux sont de plus en plus nombreux. Certains métiers permettent de l’être. C’est le cas par exemple des influenceurs, de certains professeurs, des graphistes, des développeurs web, des experts en référencement, des blogueurs pros, de certains photographes, de certaines journalistes, rédacteurs ou encore traders.

  • Au télétravail pour la première fois

    Avant la pandémie, tout le monde ne télétravaillait pas. La pandémie a changé la done. Le site teletravailler.be a interrogé 1.500 travailleurs en Belgique en septembre dernier.

    Les résultats sont très intéressants. Près de la moitié des télétravailleurs souhaitent conserver l'arrangement qu’ils avaient pendant la crise du Covid. Plus de la moitié des répondants (51 %) trouve son emploi compatible avec le télétravail, tandis que 25 % d'entre eux souhaiteraient travailler en continu au bureau. D’autres chiffres illustrent l’augmentation de la proportion de télétravailleurs en Belgique. 17 % en 2018 ; 22 % en 2019 ; 33 % en janvier 2020 et 48 % en septembre 2020.

    Source

     

Le saviez-vous ?

  • 2-3

    Une grande majorité d’employeurs prévoient de passer à un modèle de travail hybride permanent, souvent avec une présence au bureau de 2 à 3 jours par semaine.

    C’est ce que révèle l’étude d’EY sur le « Future of Work : étude qualitative sur les tendances de l’organisation du travail post-Covid en Belgique », publiée fin janvier 2022.