
Managers : styles et approches
Visionnaire, coach, directif, persuasif… Il existe plusieurs types de managers et de management. Sans vouloir faire entrer chaque manager dans des cases spécifiques, il est tout de même essentiel de connaître son profil principal. Et c’est ce que nous allons faire ensemble ;)
Une étude très intéressante et approfondie du cabinet de recrutement Robert Walters sur les managers belges est sortie en août dernier. On y apprenait ainsi que 27 % des managers déclarent ne pas avoir reçu de formation au management quand ils ont été promus (les fameux « Accidental Managers »). 8 % supplémentaires expliquaient qu’une formation avait été promise, mais reportée. 46 % des managers ont dit ne pas avoir demandé de formation pour cause de restriction budgétaire, et 42 % par manque de temps. Et pourtant, 30 % des managers belges ont ressenti le syndrome de l'imposteur lorsqu’ils ont été nommés. 24 % se sont sentis surchargés de travail et 12 % ont regretté un manque d’accompagnement. Tous ces chiffres démontrent à quel point il n’est pas toujours évident d’être ou de devenir manager.
Les différents types de management
Selon Rensis Likert, un psychologue américain spécialiste en la matière, il existe 5 profils de managers.
a) Le manager directif
Le management directif, également désigné sous le terme de management autoritaire, repose sur une affirmation claire de l’autorité du manager et de sa position hiérarchique dominante. Il impose des instructions précises et rigoureuses à ses collaborateurs, sans accorder une grande importance à leurs avis ou interrogations. Ce mode de gestion est structuré, vertical et focalisé sur les résultats. Dans ce cadre, le manager directif ne cherche pas prioritairement à instaurer une relation de confiance avec ses équipes ni à favoriser leur bien-être. Cependant, il veille attentivement à la performance des employés et assure un suivi strict. Son objectif principal est l’atteinte des résultats fixés.
Doté d’un leadership naturel, il prend des décisions avec rapidité et pragmatisme, reléguant au second plan l’aspect relationnel. Si cette approche managériale garantit une forte efficacité et une productivité élevée, elle peut néanmoins entraîner une diminution de l’engagement des salariés et un stress pouvant nuire à la qualité de vie au travail. Par conséquent, ce type de management est davantage recommandé en dernier recours, notamment en cas d’urgence ou de situation de crise. De plus, il exige plusieurs compétences clés, telles qu’un esprit pragmatique, une autorité innée et un leadership affirmé.
En résumé :
- Caractéristiques : il donne des instructions précises, attend l’exécution sans discussion.
- Avantages : efficace en situation de crise ou avec des équipes peu expérimentées.
- Inconvénients : peut brider l’initiative et la créativité, et créer un rapport de hiérarchie moins en phase avec « l’esprit 2025 ».
b) Le manager participatif
Le management participatif s’inscrit parmi les nouvelles approches managériales en pleine expansion, en particulier dans les start-ups. Ici, l’individu occupe une place centrale. Le manager participatif valorise l’implication active des collaborateurs dans la gestion quotidienne de l’entreprise ainsi que dans les décisions stratégiques. Il s’agit ainsi d’un mode de management horizontal et transversal, qui s’affranchit des conventions hiérarchiques traditionnelles. Le rôle du manager se rapproche davantage de celui d’un guide plutôt que d’un supérieur hiérarchique. Il instaure une relation d’égalité entre tous les membres de l’équipe, favorisant ainsi un climat de confiance et de proximité.
Ce modèle de leadership repose sur des valeurs essentielles telles que l’écoute active, la responsabilisation des équipes, la bienveillance, l’esprit collaboratif et l’épanouissement personnel. Le manager adopte une posture de soutien, de conseil et de motivation envers ses collaborateurs. Il mise également sur l’intelligence collective afin d’apporter des solutions aux diverses problématiques rencontrées. Son rôle est d’assurer au quotidien l’engagement et le bien-être des salariés tout en stimulant la prise d’initiatives.
Cette approche managériale présente l’avantage de promouvoir la créativité et l’innovation, contribuant ainsi à renforcer la compétitivité de l’entreprise. Cependant, elle peut aussi comporter des risques si le manager ne maîtrise pas encore ce style de leadership. Une mise en place maladroite peut rapidement engendrer un manque de structure et une organisation peu efficiente. Le management participatif sert également de tremplin à d’autres formes de leadership, comme le management collaboratif et le management axé sur l’innovation.
En résumé :
- Caractéristiques : il favorise la consultation et la prise de décision collective.
- Avantages : il motive les équipes, favorise l’engagement et l’innovation.
- Inconvénients : peut être perçu comme indécis en cas d’absence de cadre clair. Peut aussi être perçu comme trop « proche » ou « amical ».
c) Le manager coach ou persuasif
Le manager persuasif, également appelé manager coach, adopte une approche de gestion fondée sur l’influence, la pédagogie et la motivation. Contrairement au management directif, qui s’appuie sur une autorité stricte, il privilégie la conviction plutôt que l’imposition. Il cherche à obtenir l’adhésion de ses collaborateurs en leur expliquant ses décisions, en partageant sa vision et en valorisant leur engagement.
Le management persuasif met davantage l’accent sur l’aspect humain. Il s’apparente à un management paternaliste, où le manager vise à atteindre des résultats tout en fédérant son équipe autour d’objectifs clairs et de directives bien définies. S’il conserve un contrôle total sur les décisions stratégiques, il reste néanmoins à l’écoute des préoccupations et suggestions de ses collaborateurs.
Ce type de manager fait preuve de pédagogie, en prenant le temps d’expliquer ses directives et en s’assurant qu’elles soient bien comprises. Son rôle consiste à motiver, persuader et favoriser l’adhésion de ses équipes, tout en assumant pleinement sa position hiérarchique. Il combine ainsi un leadership organisationnel et relationnel, trouvant un équilibre entre structure et accompagnement.
Cette méthode de management offre plusieurs avantages, notamment en renforçant la cohésion d’équipe et en stimulant la motivation des collaborateurs. Toutefois, son cadre reste très structuré, ce qui limite l’autonomie des employés et leur liberté d’action.
En résumé :
- Caractéristiques : accompagne ses collaborateurs, développe leurs compétences.
- Avantages : améliore la montée en compétences des collaborateurs et leur l’autonomie.
- Inconvénients : prend du temps et nécessite un investissement personnel.
d) Le manager laissez-faire (ou délégatif)
Le management délégatif, également connu sous le nom de management consultatif, est une approche qui accorde une autonomie totale aux employés. Ce style managérial leur offre une grande liberté, les impliquant activement dans les décisions et leur confiant de nombreuses responsabilités au quotidien. Le manager délégatif, quant à lui, privilégie la délégation et adopte une posture de retrait, permettant à ses équipes de prendre en main les différentes actions. Toutefois, il demeure accessible pour répondre aux demandes de ses collaborateurs. Son rôle est ainsi davantage axé sur la stratégie que sur l'opérationnel.
Ce mode de gestion d'équipes présente l'avantage de responsabiliser fortement les employés, mais peut aussi engendrer une pression pouvant nuire à leur bien-être. Afin de mieux appréhender les divers styles de management, il est possible de se référer à la grille managériale de Blake et Mouton. Conçue par Robert R. Blake et Jane Mouton, cette méthode permet d'analyser les styles de management en entreprise en s'appuyant sur deux critères majeurs : le degré d'intérêt porté aux résultats et celui accordé aux relations humaines.
En résumé :
- Caractéristiques : donne une grande autonomie aux équipes.
- Avantages : efficace avec des collaborateurs compétents et autonomes.
- Inconvénients : peut entraîner un manque de direction si mal appliqué. Certains salariés peuvent se sentir dépassés par trop de responsabilités.
e) Les visionnaires
On parle parfois de « manager visionnaire ». Steve Jobs (Apple), Susan Wojcicki (Youtube), Oprah Winfrey (TV)… sont considérés comme tels. Plus que du management au quotidien, ces personnes ont surtout amené autre chose dont la grande capacité à comprendre avant les autres ce qui pouvait être changé dans leur domaine. Leurs grandes qualités sont aussi de savoir raconter une histoire, donner un cap et donner envie aux autres de les suivre dans cette direction. Ils peuvent d’ailleurs être très directifs, voire autoritaires. C’est ce qui les distingue fortement du manager persuasif.
De tels profils encouragent la créativité et la prise de risques. Ils vont aussi pouvoir être capables de motiver les équipes, et les faire grandir. Souvent loués, les visionnaires ont toutefois quelques vraies limites au quotidien.
Trop axé sur la vision à long terme, le visionnaire peut négliger les aspects opérationnels du quotidien.
Certains employés préfèrent un management plus structuré avec des directives claires.
Parfois considérés comme des gourous, il y a une dépendance à la personnalité du visionnaire.
En résumé :
- Caractéristiques : un leader charismatique.
- Avantages : n’est pas contesté dans ses décisions, il inspire.
- Inconvénients : être un « manager star » fragilise la société. S’il quitte l’entreprise, l’équipe peut manquer de repères et perdre sa motivation.